à celle qui saura m’aimer.
Aussitôt après que l’idée du déluge se fut rassise,
Un lièvre s’arrêta dans les sainfoins et les clochettes mou-
vantes et dit sa prière à l’arc-en-ciel à travers la toile de
l’araignée.
Après le déluge. Illuminations. Arthur Rimbaud.
Soliloque
il me revient ton image radieuse que je touche, ses aspérités sont mon chemin, combien seul sur une terre étrangère et dans le noir de ce jardin, comme une perle qui coule à jamais…
tu n’as jamais cesser à chaque grand virage de m’aimer, sur les tours de garde et devant les âges. notre relation aussi brève qu’elle fut été intense, rare et sublime…
je peux sentir tes bras autour de mon cou, c’est de tes gestes, tes lèvres accueillantes… , – je te pleure, mon amour perdu ! je te promets de choir dans l’œil du silence…
je lis à l’instant la nature de tes imitations, comme se persuader qu’il est difficile de construire sur le long terme. tu es étonnamment une femme, dont j’admire la conformation astrale…
te souviens-tu des arbres que l’on capturait en photo, les grilles hérissées de pics et le parc ? j’y suis aussi fantasque qu’au cœur des nues, une source de calme et de régénération…
à Zoubida.
Qu’importe si je te vois comme mon amoureux
il avait de l’honneur, quelque chose de l’empêché et un sombre cœur. il voyait la soif des routes marchandes et les vents sonores jointement, ses yeux inoubliables cherchaient le renouveau d’alger…
il rêvait d’une union de la parole, et ses factions ne se souciaient que des hautes échelles à talonner. il se présentait quelquefois comme tailleur de pierre, s’attelant au granite des consciences…
il plaisait aux femmes selon les dires de ses proches qui en témoignent, surtout son petit côté voyou. il était coiffé d’une casquette bleue recouvrant ses cheveux noirs mêlés de gris…
il aimait promener son regard sur les bateaux amarrés paisiblement, entre les quais ou à la pérouse sous un ciel voilé. il remontait les lendemains en riant avec l’aube entre ses bras…
la bouteille d’Ali La Pointe ne le noyait pas, porté comme un bouchon sur les peines des révolutions tronquées. debout, il contemplait la baie avant l’orage comme un berger…
Sensations
l’atmosphère de moisie qui nous magnifiait, le bleu-noir du ciel, les étoiles, ta peau, je m’en souviens : comme de ta voiture rouge métallique, une zx de 1991…
tu te tenais juste à côté, tes dessous d’habits baissés… , elles filaient en demi-teinte ces punaises, de vraies bêtes théâtrales. elles mouraient autant les grands soirs de fête, les nôtres…
elles brillaient pour toi seule, cette nuit d’été de l’acte bréviaire, – dis, tu les reconnais ces soirs d’été, où chacun avait son dôme ? tu l’avais bien comprise cette substantifique moelle…
nous rêvions à demi-mots nos nuits désordonnées, parmi les algues iodées et l’odeur de la berge, etc. tu filais entre mes mains vers les rives baltique, mais je t’attendais ! même si…
je sentais déjà les prémisses d’une nouvelle déchéance, trainant une valise entre mes jambes et près de moi, ton esprit qui criait à la cavalcade. je me baladais avec ton visage, comme un délit…
c’était juste des météorites
c’était juste une étoile filante
c’était l’histoire d’un poisson combattant
à Wissam.
je veux extraire et rendre des essences, ou me taire comme ceci.
La mort de Willem
il y a ceux qui se consument comme une chandelle, conscients qu’à moitié de ce qui crève les yeux, d’autres ne sont que les pantins de la folie, qui tuent surtout en de cruels hasards…
il y a des jours sans pareil miroir, – dévorez-vous les uns les autres ! je suis innocent, désengagé de mon cœur douloureusement en peine, de la si pauvre âme partie, seulette…
il y a que la vie est un coup de couteau accepté résolument en pleine poitrine, et s’éteint d’une aveugle mort, comme un vendeur à la sauvette effrayé par ses abords, vraiment…
il y a que la tristesse originelle de Kâbîl est sans limite, comment doit-on en finir de trop s’achever soi-même ? je n’ai plus de visage pour vous mes amis, tout est à la cendre étalée…
il y a sous le bleu du ciel de tizi-ouzou, un air toujours bleu, où pullulent de vieilles outrances ! je souhaite seulement être là-bas, de l’autre côté du réel…
Béat comme…
béat comme une incantation à bacchus, qui exhorte l’univers d’un guéridon, – n’est-elle pas belle, un chaos ? elle présage les sèves autant qu’un fifre, s’enthousiasmant de la gaieté des trèfles…
les atours envoûtants, bariolés, ne sont que les signes enjoliveurs, les cuivres d’un bec, comme ceux des virevoltants. enracinés, ses ongles pénètrent ma chair de fauve, inondent mes balbutiements…
je la soulève comme tambour, trempette et timbale ! une ordalie sans cadi, lorsque ce n’est que loi des balafrés. le versant de son esquisse : une rivale de la lune qui de ses morsures m’aiguillent…
je fugue parmi ses cavités, fébrile, mon arc est jalonné ! je tends vers son cou, embrasant, sa jugulaire bat fort. les liqueurs semblables aux pulpes emportent mon repos de sconse…
je fixe ses amendes, assorties aux guirlandes de coton, etc. les arabesques de nos caresses s’allongent… , – éclairs ! effrayé, l’ascension de ses désirs me semblent double, et si incertains…
Savonneuse brume à pétrole
trop tard et dans les saisons coulait un nectar, la vie était belle… , – enfin, Tizi-ouza ! l’attenante de la capitale comme un vent de printemps parfumé de saligauds et de machines à l’huile…
en hiver où allaient les hirondelles fidèles à nos rues, des gorges blanches qui virevoltaient au ras du sol ? c’étaient nos matins de caramel, et mes voisins respiraient sous les velours troués…
te souviens-tu de ces couleurs, non seulement de leurs nuances, comme les roses de l’émeute, mais aussi la rose rébellion, celle qui ferait d’une ville un guêpier, une savonneuse brume à pétrole…
je frictionnais avec l’hymne d’un seul chantre, de sa gaillarde voix qui effilait la lignée des exilés. il me semblait que tout était instable et confus, un grabuge derrière nos échos…
il faisait doux dans mon cœur, et les raisons d’y croire étaient absentes. il faisait bon vivre parfois dans mon quartier, lorsqu’une fraicheur à l’aube retombait, comme un souvenir luisant…
Je n’étais au fond…
je n’étais au fond que ton amant qui se dépréciait, s’affichait avec ses lutineries. un coffret enfermant une salubre mort, – comme salivante était la Marseillaise, salivant était ton esprit du sang…
je heurtais le lointain de ton pays jamais arpenté, un rivage tracté par tant de tes visions. j’étais de tes passions qui m’enfilaient comme des capsules, alors que me revenait ton absence…
j’épelais ton nom dans nos draps et les murs rougissaient, cher amour, ma louve ! je croyais que le soleil m’abandonnerait à mes abstractions. mon âme depuis se desséchait, saoule…
j’écrivais encore, encore sur mes palettes de beurre, boulinant ! j’avançais par petits crans, un exilé voyageait. c’était les passagères du soir, le parfum des melons, les bleus parasols…
le visage paisible, mon cousin dort sur le lit à côté, est-ce ses rêves où je ballote d’un horizon à son pendant ? à quoi bon le réveiller pour se raconter ! un moment d’extrême doute, de transition…
À rebours de l’hiver
ils rentrent au port inquiet, une cloche retentit entre les poteaux de fumée. la lune est pleine et s’est éteinte pour un temps. j’écoute avec l’œil du cœur l’espoir luire et ne me quitte jamais…
ils sont ivres de sel, de la houle et des vents. la cale d’hiver est comble de cotons affrétés à skikda. ils gardent un mauvais souvenir de cette ville aux péripéties prophétiques…
je revois les visages des marins sortis tout droit d’un Goya, les contours des corps rivalisent de promesses inachevées, – des olympiens à la pointe des mauves ! heurté, j’en révère d’autres
je reste stone sur les quais de bois et dans un froid brouillard, mes mains sont jointes en prière pour qu’un jour je connaîtrais la même paix intérieure et durable dans la marche…
sur le pont du bateau amarré, ils s’affairent et chantent dans une langue étrangère, comme un tout dont un je ne sais quoi qui revigore leurs survies. j’entends leurs lointaines voix, bien loin :
A nous, à nous le bel horizon
Nous sommes des baleiniers
Ma Fatou est chez l’aumônier
Ali Alo voilà le harpon !
A nous, à nous Dublin !
… , etc.
chaine frêle d’ici et d’ailleurs… , – dois-je expier ?
On aurait dû aller à Vérone
qu’est-ce qu’il l’enchantait, où cela raillait, l’itinérance ou plutôt l’irréalité de nos échanges ? un flash, les vrais soirs de Marie Antoinette, de marbre était sa silhouette !
j’observais en silence mon retour, ennuyé à travers les routes… , ses féeries et ses effluves distingués, un ravissement mêlé à une sidération. je ne la nommais que rarement…
je la voyais d’une humeur parfois vagabonde, comme sa solitude que nous partagions. elle était sur l’herbe des heures durant, presqu’ile lointaine, désentravée. elle était jolie et m’avait choisi…
elle portait dans son cœur l’automne, sa bannière était les comètes et planètes qui voguaient. elle chantonnait et changeait de radio comme les sauts d’une sauterelle, rouge…
je quittais son univers avec précaution, insinuant qu’elle me rendait nerveux. je me revoyais parfois rêver près d’elle, non, vraiment pas très loin d’ici ! elle était ma Philomèle en rossignol…
Et puis, le dernier
je revois sur internet des vidéos idiotes d’amis qui se font leurs blagues, parmi d’autres publications ! tout me revient comme une farce. je n’envisage que l’inimaginable, déjà entrevu…
je n’arrive plus à fermer mes yeux sans qu’ils me visitent, vraiment tous ! j’aspire à déterrer d’autres joyaux pour m’en sortir quitte, libre de voyager sans croiser personne, libre de rêver…
j’intercale leurs profondes particularités avec nos adieux, surtout les fois où les houris lacèrent mon cœur. il reste le sol sous mes pas, comme il y a nos traces ! tant d’êtres chéris ont disparus…
j’approche à peine des récentes rencontres puisqu’ils sont désireux de me fréquenter, rien que pour me précipiter aussi tôt dans un caveau. les adeptes de la gagne, soi-disant frères d’autrefois…
ô vieux malards, n’entendez-vous pas l’hallali ! la même langue qui nous divise, invective, celle qui vient fendra vos oreilles ! à qui vais-je en vouloir ? sinon à la terre entière, sinon à Dieu…
L’un ou l’autre hante
je reviens au parc… , je lis entre les spectres qui passent, sans la menace ! le livre parle à présent du style en littérature et d’analphabétisme, de géométrie sans espace. j’ai du mal à tout comprendre…
je me dirige pour uriner vers les toilettes et en marchant ton nom me revient, comme une gap, – il n’y a de public que les urinoirs. je songe à rentrer en bifurquant par la fête foraine et l’odeur du sucre…
je parcours la ville submergé par mes souvenirs, quoique tout à changer ! ton image m’enveloppe comme du vernis sur les blanches pierres, de la pollution qui noie mes yeux…
je prends le tramway sur la trame de ce poème, – il y a tant de visages qui me peinent au cœur ! je cherche par quelle ruse atteindre l’autre chemin qui était possible entre nous…
je ne joue plus, si tenter qu’un jour mon destin m’y a mêlé ! je ne suis pas heureux…
Du jour, du messager et de l’homme qui vient
il est sérieux dans l’amour et les choses sentimentales, que trop bouleversés selon ses dires. il ne trouve aucun sens à donner à sa vie, errant sans lien ni but. il chaume contre les murs blancs de sa ville…
à la limite, se nourrir, il n’en éprouve jamais le besoin, en suspens. il attend les hirondelles, ses aspirations et désillusions passés sous silence à défaut de se heurter. il le sent et le sait…
il évolue dans un état embryonnaire et a peur, il a souvent peur ! comme de son urine et de ses excréments. il n’a aucun égard de la mort et n’entend rien aux évidences, ses jours se sont cristallisés…
il cherche pourtant des questions, l’apaisante prière. de ne plus voir, il ferme les yeux en se souhaitant un amour, un amour de forage ! il est beau et est un ange, comme Mathieu de Chagall, tout envieux…
sur le sable, il a des visions d’un monde qui advient, où l’esclavage est abolie ! il n’écrit rien, mais bien le dernier a dessiné des formes archaïques, Abrahiques ? il doit les vivre, sans voile et sans trame…
Obscure jeunesse
j’aurais tout fait pour quelques-uns de tes mots sur un bout de papier, revoir l’un de tes sourires que je reconnaissais parfois sur mes lèvres, me demandant l’instant d’après où j’en étais…
tu m’aimais comme un soleil, une étreinte… , – de quoi s’alimentait mon amour pour toi ? je ne le fuyais en rien, je n’y touchais plus, pas de cailloux ! je n’étais que mon poids d’écailles, sinon un clown…
je ne saurais d’avantage de mon cœur sur chaque détour et abandon. tu étais au-dessus, tu étais la nuit aussi, comme Leila. je laissais fondre pour y croire encore ton pain dans ma bouche…
je te pourchassais dans mes rêves, comme un trappeur arpentant, arpentant, etc. je me souvenais d’un éconduit qui jouait l’été au piano, alertait sur ses orages ! au quartier, je manquais…
notre histoire dérivait de quelques ersatz, un bloc désaffecté, – étais-je dévolu à cette autre chose ? mes trains de fumée, mon singe à cymbales… , nul n’y contrebalançait. et puis, venait la houle !
deux âmes se faufilaient derrière ce poème
sans doute plus…
une algérienne, une française
elles étaient la même : une Eve
Rien n’est aussi fumé qu’un myope
par les chemins interdis… , les interdis ? par ta main, tu tiens un cigare dans ta main. en vue, c’est des bœufs, coucou les bœufs ! tu pisseras plus tard, lorsqu’il cessera de pleuvoir…
ça tient sur un écriteau, une cabane tient sur un écriteau. de la peinture sur bois, beaucoup de bois dans les bois ! tu ne t’attardes pas à l’accrocher au ciel, en marchant et fumant…
et tu es comme un camion forestier, – de quelle couleur sont-ils par ici ? lourds. un volant pique, une halte peut-être, ou une proie. puisqu’il fait si bon, puisqu’il fait ceci ou cela…
et tu aurais aimé voir un ver de terre qui creuse, se cache. tu te prêtes aux clapotements de Garonne, tes hanches s’en délabrent. puis, un bruit, un grognement qui retombe…
et tu espères craintif un sanglier… , toi, interdis, tu arrives après tout ça, comme l’eau d’une chanson, qui ne figura peut-être pas. sais-tu le jour ? sais-tu du moins le mois…
quelqu’un habite ici
il habite ici, – ça à l’air bien !
quelqu’un habite bien ici : attention aux chiens !
attention à ton odeur
à ton chien
c’est d’ouvrir dont tu parles
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