mon aimée est quelque part vivante sur le globe, je l’imagine au pré d’un cours d’eau chantant nos retrouvailles. les mains levés au ciel en signe de prière.
je l’imagine maudire le premier jour de notre rencontre, et bien d’avantage ! c’était une conquérante des cases vides de la partie qui se jouait.
elle était l’unique fille d’une union désastreuse qui portait son enfance, même si le principe de son amour était de rêver d’elle éveiller, de m’accaparer.
je lui soupçonnais des dons cachés.
de toute souillure mon âme blessée sera lavée
l’eau stagnait dans les barques le long du quai
ruisselle vite la neige qui n’est pas saisonnière
la patience des feuilles d’arbre qui s’effacent du sol
prends garde à ces instants fatidiques de tous les départs
comme une mise à distance, comme un an de décompter ! c’était déjà l’été, elle voulait comparer nos pas, elle guettait aussi l’autre rive sans me regarder.
c’était trop tard, trop tard… !
comme après chaque absence, la nature se remettait à éclore sous mes yeux, mon téléphone tombait à l’eau et j’osais lever mon fiel au ciel pour l’atteindre.
les nuits se ramifiaient en me laissant au vertige de la perte, je n’ai rien compris à ce qui m’arrivait. je n’avais d’ailleurs rien à redire et j’y ai consenti.
reconquérir, c’est déjà avouer la perte.
je m’en suis allé sous la pluie
c’était fini
ô cœur tendre !
reviens sur l’irrémédiable
bien des saisons
j’apprenais à nager dans le flou au lieu d’entrevoir une possible réconciliation, une harmonie entre nous. j’ai évacué ma colère par une suite de catastrophes.
une lettre qui n’a jamais été envoyée.
je repense aux moments joyeux de notre union, comme quelques feuilles qui fermentent dans un pot. j’ai consigné presque tout aux oubliettes, sans classer.
ce presque est une brindille !
la frénétique clairvoyance d’un amoureux transi : il n’y a pas plus grand / que les élans du cœur / ma vie jusqu’à ce présent / qui se meurt / n’était que déception / parsemée de brèves éclaircies / où hélas / hélas / je m’étais noyé sous le bleu
que Dieu nous vienne en aide
que les vents emportent mes paroles
de page en page
je perds le courage des mots
mort à vif
– pourquoi tu ne changes pas de chaîne ?
– regarde, c’est beau un nu.
Votre commentaire