elle en rêvait.
elle l’a fait, flirter avec son amoureux qui était plus âgé.
tous deux jouissaient de la même verve et prétendaient à un bonheur commun. ils s’étaient installés à l’arrière d’un break familial.
il pleuvait au ralenti sur les vitres.
ils échangeaient des phrases banales et jouaient à des jeux sur le téléphone. ils s’embrassaient sur leur bande-son préférée: Memory Gospel.
il l’effleurait à peine pour être plus juste et précis dans l’expression, comme pour chercher son consentement. ils manifestaient comme tel leur fragilité.
cet homme, c’est moi
Fatiha nous a quittés trois mois plus tard
un réséda de printemps
je compose des vers bleus
en mille syllabes
Fatiha Fatiha Fatiha Fatiha Fatiha Fatiha Fatiha Fatiha Fatiha Fatiha Fatiha Fatiha Fatiha Fatiha Fatiha Fatiha
elle était tendre et mystérieuse sans pour autant se cacher derrière le simulacre des silences. elle aimait danser et fréquentait les DJ en vogue.
la musique la déchaînait.
je la surprenais une fois aux abords de la gare des trains, elle était seule assise sur une nacelle, le regard perdu sur les voies ferrées qui invitent aux voyages.
elle était pleine de vie, pétillante !
un jour que j’étais chez des amis, je réécoutais ce même titre en repensant à sa jeune voix de soprano. il m’emmenait aussi loin que peux un passé incertain.
Fatiha dort à jamais paisiblement
Fatiha que l’on oublie
raisins de la tristesse
les meilleurs couscoussiers
créent la pluie
Fatiha Fatiha Fatiha Fatiha Fatiha Fatiha Fatiha Fatiha Fatiha Fatiha Fatiha Fatiha Fatiha Fatiha Fatiha Fatiha
les instants d’amour que l’on partage avec nos amis restent insaisissables, ils sont plus précieux que tout le reste, bien qu’on demeure mutilé à la lisière des disparus.
c’est l’effervescence d’une époque qui voulait vivre, une page s’est tournée de la main des vents, il nous fallait plus que le fort souvenir des joies rares et inespérées.
on évite avec précaution d’évoquer les suicidés en société, peut-être au hammam ! même si là encore, on se frictionne pour échapper à son odeur que l’on traîne.
puisqu’on est drapé de pudeur !
la vie se charge de nos jeunes illusions
j’ai perdu une amie
vers un éden
derniers échos de l’amie
adieu, adieu… !

que son sourire habille le visage de nos filles, qu’elle ravive nos moindres frissons, que l’on s’adonne dans la perte, oh Dieu… !
Votre commentaire