À Rabah.
mes larmes coulent vers le bas, comme une eau qui jaillit d’une source froide. une eau dégueulasse à boire et en cela une saturation.
j’avais neuf ans et on voyait encore des sangliers affolés au pied de nos portes que l’on s’empressait de verrouiller, comme pour les voleuses d’enfants.
il y a que je plaisantais sur le temps en le piétinant comme des raisins verts, dans un but inconsciemment entêtant: extraire un suc impossible à emmagasiner !
un voisin s’endormait sur un air de chaâbi
sans qu’aucun de nous n’entende ses ablutions
sommeil d’Al hara
les enfants se racontent les étoiles
des quatre saisons
je voulais m’en sortir, comme sortir par inadvertance et part tous les ports d’une insalubre et minuscule cuisine. je regretterais à jamais une faim qui creuse.
je revenais vers chez moi avec l’espoir de croiser les hirondelles qui volaient plus bas que les fils électriques, elles y étaient même dans les noires saisons.
j’étais enchanté de retrouver mes airs de désinvolture en léchant les murs empestés de mon quartier. je me revigorais en lézardant sous le soleil.
dehors on se renouvelait
on revenait au ciel
un dernier coup d’œil
elles battent énergiquement les ailes
des hirondelles
en allant des hauts quartiers jusqu’aux confins du boulevard du nord, les nuits me faisaient violence plus que les spots de sensibilisation à la télévision.
je pliais mes bagages sans savoir très bien de qui à commencer la vindicte, une décision qui me laissait à moitié résigné et sur le cœur une artère béante.
je poursuis les méandres des jours inviolés avec la crainte du faux-témoin, je n’entrevois que des spectres qui m’éclairent et s’éteignent isolément.
de la brèche d’un rocher naît et s’épanouit le lierre
ceux qui savent s’ignorent !
une aube d’été
allongé sur une zarbiya d’antan
le souffle long

je n’oublie pas le climat maussade qui me désigne différent et loin de mes semblables… comme je n’oublie pas ma jeune patrie.
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