comme sur une felouque en papier artisanal, je m’allongerai sous le figuier du jardin pour m’émouvoir dans la froideur du temps.
je voguerai avec la lune et les étoiles sur le grand fleuve des mots, peut-être que je jetterai l’encre dans les soirs interminables du Pacifique.
qui est dit-on sans mémoire.
je vivrai plusieurs nuits et plusieurs aubes d’une ère nouvelle, même si elles sont toutes navrantes et qu’aucune ne tiendrait ses promesses.
comme un géant des flots à travers les sept vents
les messagers d’une belle augure
les orages d’été
si belles sont les fins de vacances
du mois de coton
à la façon d’un marin pêcheur sous la drue, j’irai sans ironie à la rencontre de mes amours passées pour les bénir de mon passage et empreinte.
ils m’ont parlé si peu.
je convoquerai l’enfant entre les plis de mon cœur qui médite sa cosmologie en le tranquillisant. je suspendrai ses yeux comme un départ.
je répandrai toute l’eau de mon corps jusqu’à ce que mon cœur finisse au chevet des blêmes pendaisons, et en définitive, dormir perpétuellement.
j’aurais acquis les bûches de la bonne action
je regagnerai le foyer
une autre étoile
il observe une ronde du récit
en calligramme
je ne sais à vrai dire pas grand-chose de ces lointaines régions et rien ne saurait me consoler. la mort qui empoigne un navigateur est un risque d’initié.
la froide flaque qu’est ce phosphorescent recueil où je piétine et pose le pas n’est qu’une encre noire et indélébile. je n’échangerais pour rien au monde cette voie.
les vagues tranchantes qui déferlent sur les rives inespérées ne sont que les feuilles arrachées au vaste paradis des poèmes, mêlées du feu originel.
l’enfant referme sa bande dessinée
il gratifie ses légendes
flux du fleuve
si peu les jours
de lune
je n’ai rien d’un méthodique journalier, je m’abandonne à l’univers en me laissant porter par les vents, je lâche prise… !