À Fanny.
on s’était dit plusieurs fois adieu sur un quai de gare, au milieu d’une foule de gens compacte. je ne savais dans quoi on s’embarquer.
j’irai sans doute à el-oued.
c’était comme si les nuages fondaient juste pour nous deux, un semblant de nous deux qui demeure veule. l’horloge des trains n’a jamais leurrer personne.
on croit aller dans le bon sens, toujours.
tu étais vapeureuse et étrangement tes lèvres étaient blanches, livides. on t’aurait pris aisément pour un ange tombé du ciel, Dieu que c’est rare un ange !
tu es partie.
ce n’était rien de grave
chacun sait que les lèvres ne se brisent pas
les vitres bleues du TGV
j’octroie un don d’amour à l’univers
imprégné de toi
tandis que tu parcourais les plaines de la Bretagne, confortablement installée sur ton siège, une mémoire neuve naissait en toi. j’envisageais la distance parcourue qui a dû estamper le reste.
je m’interrogeais sur le sens de cette brève histoire partagée et le tient de retour, un chemin vers je ne sais où qui nous sauvera. un bar m’a finalement accueillie.
il était 23h24.
je m’étais résolu à rentrer et en poussant le visage de la porte, j’ai su tout le mal de ton départ. j’ai gardé néanmoins ton dernier sourire comme une dernière sympathie.
une blessure qui meublait seul tout l’appartement calme
bientôt si clair sans toi
je veillais sur l’image brisée d’une belle aventure, quelque chose s’était passé, je n’ai rien vu venir. la ville sommeillait sur le grand fleuve des esseulés.
j’observais de la seule fenêtre de mon domicile, toute l’attente du ciel qui était d’une bouleversante couleur d’aube manifeste et le plein silence.
j’étais bouleversé par cette nouvelle séparation, c’est vrai ! mais je ne sais d’où j’ai tiré les forces nécessaires pour aller quand même travailler.
mourir d’amour pour toi est-il possible ?
mon cœur manque cruellement de substrat sans toi
les deux âmes fluettes
s’élèvent au grand départ à l’aube
comme une promesse

on se ment pour toutes les fois que l’on n’a pas vécu !
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