À Ahmed.
je me souviens du jour où j’ai commencé à survivre, c’était pendant les vacances. j’ai allumé la télé, comme un jour routinier à glutiner devant muer.
j’étais jeune.
je ne trouvais plus de sens à rien, plus de but à atteindre. j’avais perdu le goût de vivre, c’était dur ! quel drôle de début pour l’apprentissage de la vie.
j’ai commis quelques erreurs cette année-là, la plus marquante entre toutes et sans déceler le manquant de l’histoire, j’ai changé d’entraîneur et de club.
je ne tenais plus dans mes baskets.
cette manœuvre sonne la chanson naïve du destin
une exode intérieur
fenêtre sur le cœur
derniers jeux de la saison
de zermumiya
c’était un entraîneur fort et tranquille, un technicien. l’un des purs produits du système pédagogique algérien. il ne lui manquait que la trêve des clans.
le transfère a été perçue comme un abandon et signifier par un refus d’échange de paroles et de poignée de main. j’étais le déloyal, celui qu’il fallait bannir.
on partageait pourtant le même bain.
une honte s’abattit sur moi comme une ombre, je voyais l’abîme m’engloutir. je voulais mourir comme tous les dieux païens et que l’on parle encore de moi.
les traîtres portent eux aussi un nom.
comme une éclipse
peut-être qu’elle était totale
voir
pourtant si seul
si seul
je me rendais aux entraînements en reculant, la transition s’est avérée longue. les événements empirés lorsque mon téléphone s’arrêter de sonner.
l’exclusion est une fée qui ne m’a jamais quitté.
je le revois parfois à Tizi-ouzou, toujours sur le dos un survêtement. il me donne l’impression d’un vieux débris parmi les décombres de son passé.
c’est l’un des effets du temps sur les gens, ils se démènent avec les autres et de même avec soi. l’anodin semble les dénaturer à petites doses.
j’espérais une générosité
comme une écoute dans le milieu
les amitiés bénies
une page blanche a le don
du pardon
toujours seul poursuivant les échecs et mes fraîdennes !