il me faut rentrer à la maison, c’est là-bas dans l’ombre que j’ai déposé mon crâne rempli d’eau de pluie. je vis dans le brouillard ou peut-être que ma vision se trouble. il neige ce matin dans mes yeux, j’essuie une disparition dans le miroir
il y a cette chose dans l’œil bleu d’un vieux notable inexprimable d’homme à homme et qui semble nous parler de résignation. nous sommes bien pauvres d’expérience, nous observons les échappées du regard
mon cœur est dix fois plus léger que mes yeux, dix fois est peut-être trop, ou peu… ! il pleut cet après-midi sur la salle de concert, l’étoile joue et danse avec un piano d’ivoire
j’aime les artistes.
il faut que je rentre à la maison
je ne suis personne entre mes prunelles
chanvre indien et chèvre du bon diable
je respecte les vieilles coutumes
le nouveau soleil est un miel que je tartine avec mes doigts
pour la saison humide, chantez ! comme chez la boulangère à la queue leu leu
de révélation à révélation
ils ne feront jamais le poids
les histoires des anciens et la superstition qui règne, je les savoure à chaque instant de mon existence, à chaque coin d’ rue que j’arpente en la bénissant. je butine amèrement sur le talus, un peu plus ! la pâte est rarement cuite
je m’engage dans la rue Saint Rémi en tournant à droite, j’arrive dans une petite place éclairée de bougies et de ma main, je goûte l’eau de la fontaine. je m’aventure là où il n’y a personne de reconnaissable, un divan
j’envisage à la place des immeubles les montagnes du Djurdjura, l’herbe haute de Sidi Ali bouneb… etc. j’hallucine les silhouettes des filles qui pourraient m’offrir un baiser pour mes vacances comme dans les romans
une quille a toujours froid aux jambes.
j’ai un flash : un petit slip avec un soleil jaune dessus
le manque d’un cœur qui nous sert fort
la radio du téléphone est sur une station inadaptée
je me démène de l’instant plus qu’autre chose
j’ai mis un sous-scellé à une comète anti-âge
depuis son passage mes relations se ressemblent toutes
courte, combien me manque ma vie d’avant
plus de remontrances par éclipse !
elle a semée elle a semée… à travers moi !
elle éclore dans ma poitrine maintenant lucide
mon dieu fait que je me dépouille de cette enveloppe
une fois pour tous les ciels, une fois pour toutes les apparitions
je longe les quais le visage face au vent
je marche seul
comme un miracle des siècles passés et futurs
les petits bourgeons blancs sur le fleuve creusent le courant à l’infini
j’ai un ciel spongieux comme unique drap
et son flot ainsi qu’une cousine
j’ai cru voir dans tes yeux des papillons bleus en souffrance
et de la défiance nue que je te cède
il y a l’autre avec son rebondi de bonne française
après son expérience du soleil levant et mes trois mille caresses
à Gambetta 05h34, aussi vide que les parages de Houellebecq
ah si, peut-être qu’une ombre s’y glisse
j’aime les oiseaux qui piaffent la nuit comme pour dire la fête n’est pas finie
je prends la pleine mesure des conséquences
je me suis décuplé sur une terre que je ne reverrais jamais, plus jamais avec le même œil de l’innocente adoration. le souvenir des mots et d’images tous par les yeux sont vernis. je défile d’elle
brut de décoffrage.
lorsque les volontés divergeaient dans notre vie de couple, il ne restait que mon amour qui se donnait en spectacle. il ne suffisait plus à lui seul, la couverture. j’avais misé sur le sien
je ne pleure que de moi.
je feuillette depuis la culture vaseuse qui nourrissait ma moelle, une petite collection déchirante. je me suis baigné nu et effrontément parmi les dieux. je me suis purifié
le verre est translucide
un whisky irlandais qui sent l’écorce des oliviers
j’ai oublié ma maison
j’ai oublié mes amis et mes amours
j’ai oublié ce que c’était la vie, la vie des dieux
il m’apparaît clairement que cette façon de percevoir et d’être au monde est quelque chose de poétique
pour sûr, je suis un corbeau qui a soif
je surplombe les domaines sans éclats, les corbeaux ont droit de cité
les semelles coursent les jours de la création
il faut s’attendre à du granite et à la roche de fondre
j’ai parfois l’impression d’esthétiser la misère de ma condition, alors que j’essaie simplement d’être au plus pré… !