À Gaïa. ( une inconnue sur Badoo. )
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j’admire la capacité de Mehdi à se tenir debout en blouse toute la journée et la moitié de la nuit, il me donne l’impression que je n’ai jamais travaillé.
je regarde les gens qui s’installent sur les dossiers en cuir et s’en retournent tondu, ils mêlent quelques hadiths prophétiques et des qaça’ide de Amar Ezzahi.
je reste raide sous la fine lame et les ciseaux, un quiproquo peut vite tourner au drame ! on entend parfois des différents résolus par voie nuptial.
comme un franc-tireur
sur la ligne de mire du destin
je crois qu’entre temps la télévision diffuse un match italien, ou peut-être que je confonds avec la retransmission du speaker. le démo à tous les coups est piraté !
il y a des cheveux noirs et gris sur le sol, l’imam prolonge la prière du soir… etc. toute une symphonie dans un salon qui brasse des myriades de rires !
je me disloque entre les singularités de la foule, rien ne m’y empêche ! j’endure cependant ce privilège, la convergence des cœurs est aussi rare qu’une plais sèche.
les jeunes sont à la mode du Maghreb
les autres sont scotchés au sol
la rue du coiffeur est à sens unique, très peu fréquentée durant la nuit. je l’appelle depuis mon enfance la mal éclairée qui est de son nom commun la route des arbres.
eux sont élagués !
elle est bordée d’une crèche, de la poste et d’immeubles récents en dessous desquels se trouve des magasins. il n’y a eu que d’anecdotiques aménagements.
je crois qu’il faudrait tout raser et marcher droit vers l’orient, la familiarité avec les lieux ne me réussit pas. je vois de la poésie là où règne le soudoiement et l’anarchie.
j’attends une vague qui inondera le bois
les furies feront de nos chairs des razzias
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j’erre parmi les peupliers endormis et ma ville natale se dédouble, une écorchure ! j’ai en mémoire de vieilles querelles de clocher, comme mon iniquité.
je côtoie des hommes absorbés par leurs pensées, magnanimes où pourtant ne luit aucune lumière. ils ont tendance à la sérénité après la coupure du jeûne.
je n’ai pas la même disposition d’esprit, la longue agonie fait partie de mon lot. il se peut que je triture mes boyaux sans que rien n’apparaît, hormis la contagion.
ils ont l’air aussi de se repaître de tout
je me prends une tasse de thé
je vois les voitures garées en pleine descente, elles m’inspirent un plaidoyer. je fredonne Rider In The Storm, il m’est évident que l’on ne peut qu’en pleurant.
à chacun ses lâchetés !
je me tapais deux semaines de patte pour m’offrir des bottes, à l’inverse par ici, beaucoup de frottement de claquettes ! ils se vautrent en piétinant sur les empreints.
je me méprends sur les considérations qu’ils se font, peut-être ! comme il nous est inconcevable de se reconnaître la même barbe, les mêmes organes.
on considère un homme selon son parterre
les rues en sont vilipendées
je traverse devant des personnes d’un certain âge qui sont assis et parlent à voix basse. ils me regardent et puis silencieux à mon passage, pour finir reconnaissant.
la ville a ses inclinaisons secrètes, elle est identique à la nuit et bien davantage. je suis obsolète de tous les trottoirs et les arbres qui dénombrent mes sottises.
l’humain en ces heures bénies ne se lorgne pas, il a un prix comme partout, sauf qu’ici, ils sont beaucoup à attendre le soleil. le restreint à l’irrécupérabilité.
je l’observe comme on y dort
ivre des interdits
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je parle de ma chute et le royaume qui se heurtent à la lumière de ma démence. je parle de ce qui doit être dit quitte à se déplumer pour l’amour d’une femme.
une langue étrange et graduelle me gratte, comme la froideur des caveaux ! il y a effectivement beaucoup de choses qui écœurent,- qui se permet le salut parmi les hommes ?
j’incarne le drôle de martyre d’un automne qui agonise, une boursouflure. je n’ai plus le cœur à rien, à l’ambiante hypocrisie lorsque je m’y réfère.
je ne demande qu’un renseignement
ils se tordent au lieu de fournir une direction
je ne suis qu’un homme ouvert à la nuit sans pitié, un homme qui a perdu l’esprit. je crois sans faillir à la pluie, les nuits qui couvent nos rêves une montre sous la main.
le génie de ramadan porté à son plus au degré peut s’avérer extraordinaire, comme dans l’art ! les mots auréolés sont l’expression de ses hors limites.
je remercie le ciel dévoué de la féline incohérence, de nos incollables doutes, de mes passagères tristesses ! l’homme qui attend s’aura goûté les présents.
je tais parfois l’écoute de mon cœur
le silence est la meilleur des gloires
la lumière céleste
irradie la folie des hommes
en douce longueur
j’envisage les charmes ancestraux et caducs. les factions n’étaient que des ours polaires élevés au grain de blé du sud. l’inouïe des généalogies me leurrent.
j’étouffe en moi un silence qui fait rager et quelque part des chiens aboient. j’imagine qu’ils referont les crapauds, les voix de nulle part sur un banc.
je fume comme un puits raclé en me promettant une visite à l’un d’entre eux, persistance. je tire de nouvelles cartes avec mon cœur qui désigne un secret.
je me fais à l’image que souhaitent les Prophètes
je suis le pauvre de Miséricorde

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