la voisine de mon immeuble pourrait jouer d’un instrument, il y a tout le temps de la musique dans son appartement. on s’entend à peine penser dans le voisinage.
les yeux tracés de khôl comme une Maghrébine, elle me donne l’impression d’une botte d’asperges sur les étalages du marché.
elle a dans les alentours de la trentaine, une allure mince bien sûr, et espiègle.
une pensée de tes lèvres
je retrouve mon petit laboratoire
de mots violets
je la croise parfois à l’entrée de l’immeuble, mais plus souvent sur l’un des paliers de l’escalier. somme toute, on est voisin.
elle me relate parfois tous les faits et gestes d’un autre locataire, elle en fait une espèce de chronique.
j’ai deviné presque tout de ses intentions ce jour-là, même s’il me manquait la nature des circonstances que je finissais d’apprendre par la suite.
elle sortait cette fois sans manteau
il faisait froid
un drapé de pluie
ainsi sont les fleuves
parfois en hiver
elle a d’abord baragouiné quelques mots en descendant les marches, les gens distraits le font pour masquer une appréhension, mais pas que !
elle m’a souhaité la bienvenue le plus normalement possible, le croquis d’un sourire la parée.
je ne réponds généralement aux politesses d’usage qu’avec courtoisie. j’ai évité comme j’ai pu de croiser ses yeux.
elle venait d’appeler les secours
une nuit intense
les histoires abimées du vivant
même chez les astres