à Narimane.
Où est F. ? Je ne l’ai pas vu depuis longtemps.
F. ? Vous ne savez pas où est F. ? F. Est dans un labyrinthe, il n’en sortira
sans doute plus.
F. ? Notre F. ? Le barbu ?
C’est bien lui.
Dans un labyrinthe ?
Oui.
Derniers Cahiers 1922 – 1924. Franz Kafka.
Traduit de l’allemand par Robert Kahn.
je me couvrais d’une veste qui me tenait chaud, le feu brûlait ma poitrine, et me blottir tout contre était ma consolation. c’était de mon cœur, un jour de septembre
je ne saurais être un pianiste, mais peut-être oiseleur ! hors du temps, une image entachée de remords, aussi. je livrais d’un vif regret mon malléable âme, une odeur
la vie chantait, – comment allait-elle bon train ? plus que de raison, le tronc de ma peau, une vieille ronce de la cendre des cités qui s’accumulait. ton tout en dépôt, m’était-il ami ?
comme ton départ qui laissait un trop plein de vide
j’arpentais les ruelles électriques, le rouge de l’étude, comme le sucre de l’arc-en-ciel à saint-michel, parmi quelques ressemblances qui me faisaient sombrer
je me demandais quand et pourquoi philosopher ? – lorsque le tragique du squelette à en devenir. je voulais être du cours de la vie, de la lune et de mes rêves
*
J’ai eu la chance de rencontrer l’art parce que j’avais, sur un plan psychique, tout ce qu’il fallait pour devenir une terroriste. Niki De Saint Phalle.
comme un poète charbonneux, connaitre et apprendre était mon seul souhait. je me rêvais des délicatesses, ainsi m’en sortir de la rue ou faire un carnage !
je ne souhaitais qu’être bon
je ne souhaitais sentir que le vrai
je ne souhaitais qu’admirer mes semblables !
après cet ombrage, je passais comme une lettre à la poste, et mes yeux questionnaient mon cœur, le gras du ciel. je ne rencontrais que l’inouïe et les nuages jaunes
une traversée qui ne disait rien
rien de drôle ou de rose
comme un train qui rentrait en gare
je m’attardais sur les ombrelles, les couleurs qui se distillaient dans mon oasis. ils étaient tous d’une rare merveille et me rendaient visite
je tombais du haut de mes chevaux qui me suspendaient, en rien aussi les esquimaux menaçaient ! je voyageais de pôle en pôle sans bouger de mon lit, un tourbillon
comme une poésie qui révélait un possible chaos, une démolition autoprogrammée, et si je ne m’y attelais pas, comme pour la foi, je dépérirais
*
les nuages m’accrochaient en ce jour béni, il y avait presque tout dans ces nuages : tes mains, ton nez, ton dos, etc. tu rétrécissais
je devinais l’ovale de l’horizon
je scrutais le paysage
j’étais bien sous les pigeons bleus !
la terre de ma peau… , comme une première au jardin botanique ! le jardin zen et le gazon vert de la ville, les poissons du japon, les bulles, etc. un je ne sais quoi qui me titillait
– on est bien parmi les gens, mon frère ! disait-il avec un sourire. puis, il se tempérait.
je piochais les phrases des flâneurs
je laissais agir ma transformation
j’observais mon inattention !
je ne prenais rien à cœur, tout comme toi. je m’éloignais du tissu commun, nul ne pouvait me rétablir. le bonheur de chanter était de survivre à soi-même, un vaste continent de mes foulées
je n’étais que ton chantre âpreté aux louanges de ta plaie, cela est vrai que tu étais superbe et me snobais. je te faisais du mal de nous, et tu me le renvoyais, inhumaine
– tu n’étais qu’une vulgaire ombre !
– je n’étais que l’ombre de moi-même.
*
on luttait contre le feu qui engloutissait la ville, la boue en d’autres saisons s’écrasait sur nos semelles. tout n’était autour que désolation et vieilles tôles, sous un ciel infernal
on cheminait comme une perle nacrée qui bousculait le mollusque. on ne s’en sortait pas depuis, par toutes les voies. on se levait pour voir le jour et l’étau se resserrait
on déambulait dans notre géant dortoir, oh, il le restera longtemps ! notre environnement brulait et demeurait sans secours, sans secours, sans secours, etc.
comme pour les prières sur nos dépouilles qui n’étaient plus à purifier
l’horreur et la confusion
la mécanique de la solidarité, l’élan
une semaine lapée par le jour de la fin des temps !
*
j’entrevoyais la lumière entre les notes de Liszt qui me consolait, me console ! cela remontait d’un abîme et de la Parole célébrée, refoulée, et qui transitait
j’allais vers quoi on ne pouvait lutter, sans souffrance aucune, un spleen. les raisons de ma vocation et de ma Ténèbre, comme pour étancher ma soif de celle que j’aimais, sauvagement
j’ouvrais ta porte d’une seule étreinte, etc. malédiction ! je chantais aussi nos clairs nuits, comme les vents de septembre où nos mots en or s’étaient envolés
– celui qui aime aime en Dieu.
*
les billes mises en terre
les pierres
comme avant l’errance
dans le bois
les charmes
il n’y avait plus d’espace dans l’armoire à araignées
les paroles d’un moulin !
vieux grimoire
lorsqu’un parterre
*
j’acquiesçais une gifle de cinéma, chaque fois que je voulais bien faire : Paf ! elle s’était réalisée, imprévisible, lutine. une femme pour le grand écran
ah : je la noyais avec mes yeux, – je caressais ses plates jambes, – je me laissais chavirer dans ses eaux ! je me rendais compte de la chance qui me fuyait et de nos intentions qui n’étaient pas très orthodoxe :
– je te mange tout entier.
– je te dévore tout entière.
elle me disait sans malice qu’elle m’aimait bien, que j’étais son ourson. l’instant d’après, elle attirait mon attention sur un soleil sur les dalles, comme pour son drôle de chapeau
elle lisait Eluard, Poèmes du dernier amour
j’écoutais Liszt
*
de mon cœur qui se balançait entre : le délire de réinventer ou la folie d’oublier. lorsqu’il y avait urgence, je tâtonnais du palais en ce long jour de septembre, parce qu’il pleuvait dans mes oreilles d’âne bâté !
l’ouverture du ciel sur le couchant délivrait un passe-droit :
– il était bizarre ce noir.
– il était plus noir que le noir de Soulage.
o
ù
é
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a
i
t
l’
a
m
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u
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j’étais le bon client lorsque nul ne répondait sur tout ou sur rien, me baignant d’illusions sans colère ni ressentiment. c’était de mes chevaux vapeurs et la notion diurne sauvage
je lisais le bois, en dormant, me rappelant de ton nom ! nous étions pris au cœur, l’espace trônait sur le temps qui freinait nos déboires. je redoublais, nos béquilles d’antan me soutenait
*
deux gouttes, trois gouttes, quatre gouttes,
cinq gouttes, etc. l’espace d’un théâtre qui s’égouttait : Molière !
zut : je croyais voir une nouvelle lune, – je devinais les étoiles en plein jour, – je déraillais de mon alphabet ! ils avaient des regards qui tuent et une parole qui blesse, comme partout
de bord : ô mon cœur… , ô mon obsession… ! snif : j’attendais que la lumière de la ville m’éblouisse, – j’attendais en fumant aussi, – je t’attendais sans commune mesure avec ce jour !
comme les sirènes qui manquaient à mes appelles :
j’étais cette lune
j’étais cette antilope dans le désert
j’étais cette herbe verte qui ondoyait
*
la guitare s’introduisait d’un rythme continu, strident
suivait les coups // venait les batteries
je replongeais dans le silence d’un bond, l’harmonie se révélait. je vibrais à travers les sonorités électriques, et ma poitrine était en feux. mon âme s’ouvrait à cet instant précis :
comme une fleur en automne après le dégèle
ou trop tard dans les saisons
je me noyais sans envie dans le bois lumineux, pour en finir avec la voix qui déchirait le ciel, joliment. je volais cet univers métallique et les dissonances
comme un froid de tombeau qui glaçait les masques
j’avais froid
je faisais un rêve cette nuit-là d’un être qui marchait sur l’eau, multiple. je lui empruntais sa couronne comme il ne se laissait pas attendrir, quoique un peu soulagé
– ô voie de l’enfance puisses-tu te dilater, flamboyer !
l’un des mystères de Pilate, – pourquoi lui ? pourquoi pas moi !
*
je ne valais pas ma vie pour un clou, lorsque les dieux en mouvements transigeaient avec humour. j’avais tous les âges, comme ce jour d’automne au baille renouvelable, indéfini
gardien du chemin de mon cœur
matérialisé par l’écriture
– est-ce que c’était la fatigue morale ou le repos du poète ?
– une manifestation.
( je tenais après tout à mes scalènes ! ).
j’étais recouvert d’un éclat par la grisé en errant dans les immensités sidérales, éprouvant chaque respiration. je délirais à non plus finir autour du temps
je m’éprenais de tout
je désapprenais
*
je ne l’espérais rien que pour moi-même, pour ma survie, l’idiome des prochains vingt-quatre cailloux, eh, – du mens ? comme la promesse d’une décennie de solitude, à lire, à écrire
dépression / courage / dépression
( courage à bras le corps ! ).
puck : je travaillais pour être riche de ces nuages, – je fuyais le soi, – je disais très peu ! j’étais anxieux avant toute chose à plein paumons. j’en avais marre de tout, des ruptures, de toi
comme à lui-même :
– tu t’appelles comment ?
– je ne suis personne.
– tu vas bien ?
– je crois, bien !
– je te souhaite un joyeux anniversaire.
– bel anniversaire à toi.
– je te laisse, rendors-toi.
– merci.*
je me questionnais sur la parole consignée ou retranscrite, au souffle figé ou antique, plus encore dans la durée. lorsque j’en étais à les fantasmer et à les vivre
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* inspiré de Rosetta, interprétée par Emilie Dequenne, film des frères Dardenne.
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