trop tard et dans les saisons coulait un nectar, la vie était belle… enfin, tizi-ouza ! un vent de printemps parfumé de saligauds et de machines à l’huile…
l’hiver où allaient les hirondelles fidèles à nos rues, des gorges blanches qui virevoltaient au ras du sol ? c’étaient nos matins de caramel, mes voisins respiraient sous les velours troués…
te souviens-tu de ces couleurs, non seulement de leurs nuances, comme les roses de l’émeute, mais aussi la rose rébellion, celle qui ferait d’une ville un guêpier, une savonneuse brume à pétrole…
je frictionnais avec la voix d’un seul chantre, qui me liait à la lignée des exilés. il me semblait que tout était instable et confus, un grabuge derrière nos échos…
il faisait doux dans mon cœur, ses raisons d’y croire en étaient absentes. il faisait bon vivre parfois dans mon quartier, lorsqu’une fraicheur à l’aube retombait, comme un souvenir luisant…
je renais content -STOP- par malheur ou par chance -STOP- je n’y peux rien -STOP- comme la mouche de Duras -STOP- les courants créent des fleuves -STOP- le soleil se lève à la même heure -STOP- un poète peut disait-il -STOP- pour le moment -STOP et FIN
Jour et heure de dépôt Jeudi 23h14 : 54 mots.
cette Madone est de l’or -STOP- que j’oublie -STOP- les jours défilent -STOP- sombres taches -STOP- je n’ai besoin d’aucune posture -STOP- dans mon troue -STOP- une liane de cœur -STOP- paroles d’un fou -STOP- tu ne peux les battre -STOP- un palais et les devantures -STOP et FIN
Jour et heure de dépôt Jeudi 23h24 : 45 mots.
mon amie tu peux te dévoiler -STOP- je pars avec toi -STOP- mon amie -STOP- tu me montres ta réalité -STOP- ton corps sera mon paradis -STOP-à demain où je rompe à tes pieds -STOP- toi la femme que j’aime aujourd’hui -STOP et FIN
Jour et heure de dépôt Jeudi 23h27 : 49 mots.
je ne suis pas attractif -STOP- asexué -STOP- le chef-d’œuvre -STOP- je mène la vie dure à mes amours -STOP- il y a de quoi ne pas être futé -STOP- pas très -STOP- ce sont les mêmes mots -STOP- le mal-aimé est encore moi -STOP et FIN
Jour et heure de dépôt Jeudi 23h31 : 53 mots.
j’ai un froid chagrin -STOP- mon cœur est un verre qui tombe -STOP- je dine d’une soupe de pierres -STOP- je passe l’été en douceur -STOP- j’essaie la justice le linge les couleurs -STOP- mon œil gauche est rouge -STOP- il pleut comme un long silence -STOP et FIN
Jour et heure de dépôt Jeudi 23h34 : 55 mots.
la mouche est passée -STOP- pas pleurer -STOP- tout me rappelle à son souvenir -STOP- parmi celles en état de grâce -STOP- pas laver et pas gratter -STOP- j’enjambe les serpents -STOP- la mouche me sert d’alibi -STOP- je continue d’enculer des mouches -STOP- je reste sur ma droite -STOP et FIN
Jour et heure de dépôt Jeudi 23h49 : 44 mots.
je dis ces mots qui montent à ma bouche presque comme un murmure à une fleur à la fin d’une soirée ou à la fin d’une couche -STOP- j’aime depuis les serpents -STOP- j’aime depuis les mouches -STOP et FIN
je ne pouvais oublier et non plus effacer, – pourquoi vous ?
les vents se brisaient sur la porte de mon cœur, au désert de mes routes… , ô mon esquive ! je vous accueillais, rien ne faisait obstacle au premier abord ! me yeux qui vibraient et cristallins
lorsque j’allais bien, une printanière après-midi convoitant des ouvertures, je souhaitais une fine pluie sur mes paupières à demi closes, comme faire sien cette bourgeoise blessure
un cœur-folie éclairant et brutale, – les pacifier !
est-ce revenir au monde
parmi tant d’autres feux, comme me mentir ?
Noor
il me suffit de répondre non
une psalmodie de l’aube à mon âme
un murmure, noms du Coran
récit, récit oratoire :
je revisitais les tombes, comme en Guyenne. c’était de l’ouïe, celle derrière l’étoffe. je me désillusionnais des fausses communions, puisque les chants se font debout
qu’est-ce qu’il l’enchantait, où cela raillait, l’itinérance ou plutôt l’irréalité de nos échanges, comme les vrais soirs de Marie, de marbre était sa silhouette ! c’était notre dernière saison…
j’observais en silence mon éternel retour, à travers les routes sinueuses de la vallée… son corps, ses rêves, ses effluves distingués, une découverte ! je ne la nommais qu’en de rares occasions…
je la voyais d’une humeur parfois vagabonde, comme sa solitude que nous partagions. nous étions sur l’herbe des heures durant, presqu’iles lointaines, désentravées. elle était jolie et me choisissait…
elle avait dans le cœur l’automne, sa bannière était les comètes et planètes qui voguaient. elle chantonnait avec la radio, changeant de station comme une sauterelle, comme pour son effeuillage…
je quittais son rêve de porcelaine avec précaution, faisant de cet instrument mon bonheur. je me voyais rêver près d’elle, non, vraiment pas très loin d’ici ! elle était ma Philomèle en rossignol…
je ne l’espérais rien que pour moi-même, pour ma survie, ce prochain jour de septembre, comme la promesse d’une décennie de solitude, à écrire
dépression / courage / dépression
( courage à bras le corps ! )
puck : je travaillais pour être riche de ces nuages, – je fuyais le Soi, – je disais très peu ! j’étais sérieux avant toute chose à plein temps. j’en avais marre de tout, de notre séparation, de toi
comme à lui-même :
– tu t’appelles comment ?
– je ne suis personne.
– tu vas bien ?
– je crois, bien.
– je te souhaite un joyeux anniversaire.
– je te souhaite un joyeux anniversaire.
– je te souhaite une douce nuit.
– merci.
je me questionnais sur la parole consignée ou retranscrite, au souffle figé ou d’antique, plus encore dans la durée. lorsque j’en étais à les fantasmer et à les vivre
deux gouttes, trois gouttes, quatre gouttes, etc. le temps d’une pièce qui s’égouttait : Molière.
zut : je croyais voir une nouvelle lune, – je devinais les étoiles en plein jour, – je déraillais de mon alphabet ! ils avaient des regards qui tuaient et une parole qui blessait
de bord : ô mon cœur… , ô mon obsession… ! snif : j’attendais que la lumière de la ville s’éternelle, – j’attendais en fumant aussi, – je t’attendais sans commune mesure avec ce jour de septembre !
d’un cœur qui se balançait entre : la folie créatrice ou le délire amoureux. lorsqu’il y avait urgence. je tâtonnais du palais en ce long jour de septembre, parce qu’il pleuvait
l’ouverture du ciel sur le couchant délivrait un passe droit :
– il était bizarre ce noir.
– il était plus noir que le noir de Soulage.
o
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m
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u
r
j’étais le bon client lorsque nul ne répondait sur tout ou sur rien, qui se beignait d’illusions sans colère ni ressentiment. c’était de mes chevaux vapeurs et la notion diurne sauvage
je lisais le bois, en dormant, me rappelant de ton nom ! l’espace trônait sur le temps qui freinait nos déboires, pris au cœur, me soutenait nos béquilles
j’acquiesçais une gifle de cinéma, chaque fois que je voulais bien faire : Paf ! elle s’était réalisée, imprévisible, lutine. une femme pour le grand écran
ah : je la noyais de mon regard, – je caressais ses plates jambes, – je me laissais chavirer dans ses eaux ! je me rendais compte de la chance qui me fuyait et de nos intentions qui n’étaient pas très orthodoxe :
– je te mange tout entier.
– je te dévore tout entière.
elle me disait sans malice qu’elle m’aimait bien, que j’étais son ourson. l’instant d’après, elle attirait mon attention sur un soleil sur les dalles, avec son drôle de chapeau
j’étais au fond ton amant qui se dépréciait, qui affichait ses lutineries. un coffret enfermant une salubre mort, – comme était salivante la Marseillaise, salivante était ta mémoire. du sang…
je heurtais le lointain de ton pays jamais arpenté, un rivage tracté par tant de tes visions, un passionné de remords enfilés comme une cagoule. il me restait ta présence…
derrière les rideaux épais, tu criais mon nom et le ciel rougissait, mon amour, ma louve ! je croyais que le soleil m’oublierait, me laissant à mes anciennes abstractions. saoule, mon âme se desséchait…
j’écrivais encore, encore sur mes plaquettes de beurre, boulinant ! j’avançais par petites touches, un exilé voyageait. c’était le parfum des cageots de melons, les bleus parasols, les corps s’offrants…
le visage paisible, mon cousin dort sur le lit à côté, est-ce son rêve que je devine ? à quoi bon le réveiller pour se raconter ! un moment d’extrême doute, de fer…
au couvent une femme s’attarde dans son corridor ouvert aux débâcles, sonde son âme et noie ses yeux qui s’agrippent d’attente sur les feuilles d’arbres
( lorsque l’automne presse le pas ! )
j’inspire une eau qui s’en est allé, – qui donc crois-tu comprendre ? je la désir depuis mon imbécilité, me cache comme un tronc parmi les arbres, cadavre ambulant
béat comme une incantation à Bacchus, qui exhorte l’univers d’un Guéridon, – n’est-elle pas belle, un chaos ? elle présage les sèves qui valent autant qu’un fifre, s’approchant de la gaieté des trèfles…
les atours qui envoûtent, bariolés, ne sont que les signes enjoliveurs, les bois d’un bec, comme ceux des virevoltants. sans racine, ses ongles griffent ma chair de fauve, inondent mes balbutiements…
je fugue parmi ses cavités, fébrile, mon arc est jalonné. les liqueurs du sconse sont vapeurs et benjoins, ils emportèrent mon repos. je tends vers son cou, embrasant, sa jugulaire bat fort…
je la soulève comme tambour, trempette et timbale ! une ordalie, lorsque ce n’est que loi. rivale de la lune, ses morsures m’aiguillent, me maillent, etc. balafres de ses lueurs, le versant de son esquisse…
je fixe ses amendes, guirlandes de coton, etc. les arabesques de nos caresses s’allongent… , éclairs ! effrayé, l’ascension de son corps me semble double, si incertain comme au crépuscule…
je tenais mon lot de baptêmes du feu, comme tomber plusieurs fois du même arbre. je ne me justifierai en rien au pré de mes interlocuteurs, après ceci :
je passais un pacte pour être méchant et le roi des songes, rien que pour regagner la vie d’ici-bas, regagner la vie une seconde fois à côté de mes semblables
à propos de mon écriture : passion initiation exil
vous étiez une femme aux yeux de chouette, femme de la longitude, femme de la méditerranée… je vous pleure car me trahie l’aurore ! une descendante inétablie et j’oublie…
carrousels
bouffon
badour
nous faisions le tour de nos désespoirs de nos royaumes
les coudées franches comme un rajout
votre écho retentit à l’intérieur de moi comme un puits
il avait de l’honneur et quelque chose de l’empêché, avec un sombre cœur. il voyait la soif des routes marchandes et les vents sonores jointement, ses yeux inoubliables cherchaient le renouveau d’Alger…
il rêvait d’une union de la parole, et ses factions n’étaient que les hautes échelles à gravir. il se présentait quelquefois comme tailleur de pierre, en s’attelant au granite des consciences…
il plaisait aux femmes selon les dires de ses proches qui en témoignent, surtout son petit côté voyou. il était coiffé d’une casquette bleue recouvrant ses cheveux noirs mêlés de gris…
il aimait la compagnie des bateaux amarrés paisiblement, sur les quais ou à la Pérouse sous un ciel voilé. il remontait les lendemains en jouant avec l’aube entre ses bras…
la bouteille d’Ali La Pointe ne le noyait pas, porté comme un bouchon sur les peines des amours perdus. debout, il contemplait la baie avant l’orage comme un berger…
je revois sur le net des vidéos idiotes d’amis qui se font leurs blagues, parmi tant d’autres ! tout me revient comme une farce. je n’envisage que l’inimaginable, déjà entrevue…
je n’arrive plus à fermer mes yeux sans qu’ils me visitent, tous. comment déterrer d’autres joyaux pour m’en sortir quitte, libre de voyager sans croiser personne, libre de rentrer…
j’intercale vos particularités avec nos adieux, plus précisément de ma vie seconde. il reste le sol sous mes pas, comme il y a nos traces ! tant d’aimés ont disparus…
j’approche à peine puisqu’ils sont désireux de me fréquenter, rien que pour me précipiter aussi tôt dans un tombeau. les adeptes de la gagne, soi-disant frères d’autrefois…
ô vieux malards, n’entendez-vous pas l’hallali ! la même langue qui nous divise, celle qui vient fendra vos oreilles ! à qui vais-je en vouloir ? sinon à Dieu…
ce que vous pensez de moi, ne me regarde en rien. ce que vous confiez à une autre personne sur moi, ne me regarde en rien. je m’éloigne de vos territoires
mais est-ce qu’un jour, vous m’avez accepté
mais est-ce qu’un jour, vous avez eu foi en moi
ce que je pense de vous, ne vous regarde en rien. ce que je confie à une autre personne sur vous, ne vous regarde en rien. je rêve d’une nostalgie de la vitesse
mais est-ce qu’un jour, je ne vous ai pas aimé
mais est-ce qu’un jour, je ne vous ai pas respecté
je lance sur vous toutes les malédictions ! je vous maudits par tous les saints et les diables ! mais si vous n’avez rien à vous reprocher, vous ne risquez rien !
mais est-ce que vous cherchez la tache de sang
mais est-ce que vous rencontrerez mon cadavre ! soit, vous vous consolerez en charognards
je dois m’excuser de vivre, sans doute !
j’agrippe l’épée damoclès au-dessus de ma tête, quitte qu’elle me transperce !
je me figure le style des barbus chirurgiens, en parallèle des barbus en basket nike ! ils pourraient s’appeler Ahmed ou Hamid, jamais ils n’auront une large sympathie
ceci est proscrit et cela est le salut !
personne ne sait d’où tu sors, mais d’où ?
j’ai l’impression que la misère de l’être fait des dégâts. mon cher ami me dit qu’il juge l’arbre à ses fruits. je peux lui répondre dès à présent qu’ils sont pourries
ceci est proscrit et cela est le salut !
personne ne sait d’où tu sors, mais d’où ?
je devine les bouches, les teignes, surtout les piteux ! l’oiseau se souvient de ses après, son automne toujours s’impatiente de la feuille rouge
le onze de mon anniversaire, onze planètes, onze milles verges d’Apollinaire
le trois février de mon mariage, trois places d’un podium, trois œils dont un de la conscience, trois cuillères de mon café soluble
les soixante-quinze kilogrammes de mon poids, soixante-quinze commune de Paris, soixante-quinze derniers numéros de ma ligne téléphonique
les trente euros à ce jour sur mon compte, trente jours de ramadan
les douze mois de la terreur, douze apôtres, douze sources d’eau et tribus, douze ébats par mois
les cinquante et une semaines de l’oubli
les vingt-quatre heures de la fête, vingt-quatre heures de l’écriture, vingt-quatre clopes par jour, vingt-quatre mensonges
les six milles ans avant notre ère et Ibrahim
le premier jour d’Issa et les présocratiques
le septième siècle de Mohamed et la peste justinienne
les neuf mois d’une grossesse, neuf ayat de Moussa, neuf mois de gestation d’un neutron
les quarante-huit pensées sur le suicide par jour, quarante-huit pensées érotiques par jour
les dix doigts des deux mains, dix commandements
les cinq doigts de Fatma, cinq prières par jour, cinq sens
le trente-et-un décembre et l’anniversaire de F.
le deux janvier du décès de mon oncle, deux battements du cœur, deux pays, deux comptes sur Facebook et mon double
les quarante jours d’un deuil, quarante ans d’exode du peuple juif, quarante voleurs et Ali Baba, quarante grammes de mon tabac
les deux-milles-neuf-cents-soixante-dix du calendrier berbère et Massinissa
les deux-milles-vingt-et-un du calendrier grégorien et le Saint patron des artistes
les mille-quatre-cents-quarante-trois de l’hégire et le tableau vert de mon école primaire
les sept cieux, sept arts, sept vents, sept pas de marche avant que le paysage change, sept nains et blanche neige, sept déesses de la pléiade, sept fois tourner sa langue
les trois, cinq, onze, etc. de la tradition
les dix-sept ans de ma première fois, dix-sept ans d’un poète, dix-sept de mon divorce
les vingt-sept ans d’un raté, vingt-sept morts de migrants hier dans la Manche, vingt-sept titres de l’album Donda
les quatre feuilles d’un trèfle, quatre saisons qui se bousculent et la pluie, quatre points cardinaux, quatre ouvertures d’un teeshirt
le premier cri, premier mai, premier homme, premier Moura Ham, premier Novembre et la victimisation
les cent vierges du paradis, cent yeux d’Argos
les mille étoiles d’un touareg, mille chevaux d’une Ferrari, mille et une nuit
les cent-quarante-cinq poèmes de Cinq heures après l’orage
j’allume, j’étreins… c’est toujours moi ! la lampe du bureau fatigue mes yeux, une veille artificielle précédé d’un jour comme un ciel d’été, quinteux
je repense à mes amis qui ne m’ont pas appris à panser mes maux, à faire mon deuil, où sont ceux que j’aimais ? je les tuerai pour m’avoir laissé loin de leur aura
— un tel, dommage… il avait un énorme potentiel ! dommage ! il me devait des sous, et puis sans être trop regardant, je tournais la tête vers l’horizon de mon cœur.
je renonçais à tous les univers qui s’offraient, s’annulaient, etc. je n’avais peut-être pas assez de hauteur, ni de mérite. je comprenais vite
je cherchais dans mon enfance un baume, sans m’attarder sur la primeur de ses affects, comme un malheureux malentendu, une supercherie, annonçant l’avènement d’une chaotique histoire
— je rentrais perdu dans la céleste cité avec mes parchemins, mon baluchon et mes loques. toutes mes lectures et mes poux m’y diriger.
je sais ton cœur en n’espérant plus de tes nouvelles, cet instant d’où ma langue bascule. je te promets qu’une pluvieuse après-midi peut me rapprocher de ce qui fut
je veux que tu m’entoures dans mon long voyage, par tes prières rompues… ! que tu m’emplisses des saveurs de la rosée, pour revenir vers chez toi, vers la clarté
— je glissais de mes mots sur le lit qui me fragilisait, que je dépassais, après une assiette de fromage et de saumon fumé ! une malédiction.
2/3
quand pour les âmes ici-bas est de finir
une langue qui s’exporte, je rage comme la peste
en me cachant pour ne pas voir l’horreur
encore moins qu’un prince, cacher mon chagrin
te reconnaître bien là, à la renverse
et le mal qui se joue de toi
3/3
je lisais les poésies de Joyce, ma tête s’engouffrait dans l’oreiller. le lit me semblait profond. il se trouvait tout de même une fin à ma descente, une chute ! les mots sur lesquels je rebondissais.
je me redressais en nage, comme sorti d’un songe inhospitalier. j’étais pris par une froide fièvre et la nuit, une chorale chantait en moi. je me soulageais cependant qu’il n’y avait pas de pot.
je me disais si j’écris d’une égale beauté, un vers, une phrase par jour, je serai dans le sillage de la plénitude. il faisait dehors un plat brouillard qui fait asseoir une méfiance pour les individus que l’on croise.
une voix me halait lorsque je priais, indiscernable, chaude et lointaine : reviens mon fils, reviens ! je me fourvoyais avant de me ressaisir, puisqu’Il n’a pas de fils :
la nuit est à l’orage de sable
et sommeille sur ses défaites et ses morts
sur pieds et livré sans nœuds
une existence cartonnée
vendredi, sinon quoi dire ?
les jours sont promus au suicide et la fuite
les poings ne tiennent plus tête ni parole
demeure le devoir
si frêle est la traversée des heures d’un deuil
qui donne, une soif !
marcher sans y croire parmi les ombres
le nez haut et insoumis
les adieux au ciel de l’enfance
les retrouvailles seront immaculées, mon oncle
vous réclamiez le pardon à la voix des poètes
ils hurlent : coupable !
cela est sans entrailles et glissent
devrons-nous suivre ?
votre âme survole les rues et les nues
votre mémoire retrouve ses éclairs
les coups sournois
un dédain à la dernière cigarette, sans s’y voir
hors de portée
leurs mains sentent le camphre, le musc et la rose, vidées
rêvant d’une erre, pourquoi, l’ange… ?
ils prennent des trains comme si c’était le dernier
trois feuilles au réceptionniste, rien qu’un stylo et une main
il marchait en plein milieu de la rue en tenant une petite baguette en bois dans sa main gauche, il était enveloppé d’un drap, de braises et d’un front où perlait la sueur !
il avait des yeux blancs semblables à ceux de Jacob Le Pacifique, et un ciel au-dessus qui l’ornait de son fluide mystérieux.
la rue d’Isly
les esprits sous la chaleur d’été
soulèvent le bleu
un Rai circulait dans l’habitacle des jeunes algérois, les plus anonymes étaient autour d’une statue noyée dans un bocal d’algues vertes.
le sol d’asphalte n’opprimait pas son ombre, il éprouvait une terrible perte. il prophétisait une énième fin du monde.
lui comme moi, comme quelqu’un d’autre, on rêvait de croiser une sœur. une graine pleine d’une vilaine histoire à nous raconter et vibrante d’amers soleils.
les capitales de la frénésie sont toutes ainsi devenues, un spectacle ouvert pour le spectre des moutons noirs.
nous sommes fatigués de somnoler,- de courir à perdre pied,- de marcher,- de se lever avec nos fragilités,- de s’habiller de nos voix de ténor,- de remettre ça.
de descendre pour ensuite remonter,- de se tenir,- de tenir les murs,- de chausser nos chaussures neuves,- de se barber,- de redormir pour l’éternité.
de brider nos voix,- de discourir en fou,- de se voiler la face,- de fleurer en duel,- d’injurier sans crachas,- de subir nos désarrois,- de se taire et d’oublier.
de suivre nos chances,- de se rehausser de vivre,- de vivre de vous,- de départir vos exploits,- de feindre que l’on vous a compris,- de procrastiner nos démons.
de se réinventer à l’infini,- de nous lire aveuglement,- de poétiser l’arc-en-ciel,- de travailler nos destins,- de piailler sans écho,- de performer le sang.
nous sommes fatigués d’intellectualiser,- de produire l’inactuel,- de corriger et repasser de nouveau,- de s’allonger sur vos divans,- de commercer les rapines.
j’entends perdre à tous les rendez-vous
les verbes comptent double dans une défaite
VENTS… ! VENTS… ! VENTS… !
Il/Elle : tu connaîtras l’éternité
A : comment le sentir et où ?
Il/Elle : tu partiras sans tes dents
A : est-ce que tu me condamnes à la solitude, le silence ?
de creuser nos tombes,- de se brosser et de plaire,- de déguiser nos vérités,- de se masquer,- de sourire à nos vanités,- de calligraphier nos peurs.
d’empiler les lendemains,- de déchanter,- de zipper un lot commun,- de ne plus se reconnaître,- de ne plus rien vouloir,- d’erroner le juste posé.
d’harmoniser nos désordres,- de se détacher de tout,- de souiller nos lieux et coutumes,- de changer d’avis sur les êtres,- de nommer lorsqu’il s’agit que d’un regard.
je vague pour ne rien céder à l’amertume
les verbes voguent d’une mémoire à une autre
une journée de grève
je fracasse les billes en verre
de ma bourse
2/3
nous sommes fatigués de s’aimer,- de toucher des bouts des doigts,- d’embrasser à pleine bouche,- d’embraser nos mots,- de humer vos parfums saturés.
de lécher,- de jouir à couvert,- de rentrer et de sortir,- de se réchauffer et de se refroidir,- d’affranchir nos âmes frileuses,- de contempler l’azur de nos corps.
d’érotiser nos conversations,- de procréer les ingratitudes,- de juger sans marteau,- de reprocher se qu’on essuie chez nous,- de parler et tout dire.
de bifurquer en dehors,- de pleurer des ruisseaux,- de chuchoter nos ébats,- de couler sans le souffle,- nous sommes fatigués de faire l’amour.
de sourire de nos disettes,- de déjeuner,- de déféquer puisque l’homme l’a choisi,- de boire que de l’eau de javel,- d’écouter et ne rien entendre,- de vous vomir.
de tousser du miel de revanche,- de se gratter même si c’est une bénédiction,- de ronfler sous vos draps,- de fouiner dans tous les recoins,- de jouir une dernière fois.
je noie les frustrations de la chair étouffée
elles ont du plomb dans l’estomac
– TIC-TIC… ! TIC-TIC… ! TIC-TIC… !
F : à quoi tu penses, mon amour ?
A : je pense à la rue et aux énergumènes qui la peuplent
F : … et maintenant, dis-moi à quoi tu penses ?
A : je pense aux insuffisances de notre lit
F : … et maintenant, une dernière fois ?
A : je pense à l’orage qu’est ta personne
F : tu veux bien laisser, je finirai demain incha’allah !
A : je sors faire un tour
de partir et ne plus revenir,- de promettre sur nos détériorations,- d’appeler en masqué,- d’échapper à nos conflits,- de s’empiffrer de vos cosmétiques.
de se connecter à qui vampirisera l’autre,- de se virtualiser avec des histoires souhaitées,- de chatter avec les idiotes,- de faxer les avalanches de sons.
de décrocher fâché,- de raccrocher sans réponse,- de bredouiller sur rien,- de photographier nos sexes,- de twitter sauf si on est intéressé. de se ramifier.
j’entrechoque chaque mot qui est une boule à facettes
comme la perle Amour
les nuits se font harem
transcendé par mes souvenirs
et le temps
3/3
nous sommes fatigués des hauts et des bas dans la foi,- de ne jamais voir la nudité,- de patienter sans être un patient,- d’acter nos intuitions.
de pécher par timidité,- de reprendre lorsque rien n’est donné,- d’aumôner au plus fort,- de réinitialiser,- de sentimentaliser,- de mentir par excès.
nous sommes fatigués de porter des fruits prêtés,- de parier nos âmes sans rachat,- de juxtaposer nos réalités,- rien ni personne ne pardonne l’aisance.
nous sommes fatigués de bénir,- de croire et de ne pas croire,- de prier les gens que l’on ne connaît pas,- de se purifier,- de guérir de la bonne santé.
de chuter sans parachute,- de se convaincre d’un pardon,- de s’ailler,- de sacraliser,- d’amourer nos incapacités,- d’invoquer pour nos morts,- seul Dieu m’en est témoin.
de conjuguer entre les paroisses,- de jeûner les jours de plaine lune,- d’ajourner nos délibérations,- de mourir à nos croyances,- d’admirer les prophéties.
R : tu vois tous ces câbles reliés, ils vont et viennent de quelque part
A : je veux bien savoir… quel temps il fait demain, tu sais monsieur… ?
R : tu as quoi de prévu ? ne lui prête plus attention… !
d’orchestrer nos ablutions,- d’attendre nos enfers et nos paradis,- de se savoir à l’abri,- de ne pas se sentir à la hauteur,- de cheminer vers un but incertain.
de recenser le bien et le mal,- de se noyer dans le bleu,- de se proclamer autodafé,- de dévisager les ciels étoilés,- de fourmilier,- d’épingler nos idoles.
nous somme fatigués à la fin de se décomposer,- de se putrifier,- de caresser la matière,- de traverser,- de soumissionner nos vies en totale perte.
est-ce ainsi pour lui après chaque séance, sa glotte ? il prend une serviette, un peu sonné. il tâte l’air en essuyant d’abord son visage à moitié penché sur son épaule.
les gestes sont imprimés dans ses gènes, une frappe. sont-ils des automatismes ou l’essence d’une vérité, qui saurait répondre ? les éléments se confondent et s’insinuent.
il respire le dos appuyé au mur.
il entend les fées qui regagnent les lieux en se promettant de les aimer d’une autre semence. il regarde son corps qui un jour le trahira, sans doute épuisé.
il saute de son plongeoir.
le phare de symbole est fatigué
l’osselet se brise
comme à chaque fois
le portail reste sans réponses
aux mystères de l’eau
il est fait de bras qu’il ne sent plus et deviennent lourds, ils ne lui sont peut-être pas étrangers, mais d’un gladiateur ! ils ont entamé la flamme et tracté tant d’espoirs.
il est fait d’un torse et ses poumons amples qui répondaient pendant la séance sont chauds, olympiens, se développent. il n’a encore une fois qu’effleurer ses capacités.
il revient à l’eau verte avec une odeur d’égout qui sculpte les corps hypnotisés, les plots de départ jonchés de matérielle de façon chaotique… etc. toute son attention s’y porte.
il reçoit le don vivifiant
l’esprit de la bravade nourrie
un portail bleu
les machines sentent le neuf
en coup de vent
il se dit qu’il n’y retournera pas ! il se dit que s’en est assez d’endurer ! il se dit qu’il n’a rien d’un athlète ! rien ni personne ne lui a appris à s’habituer.
quelques uns passent et d’autres qu’on oublie.
il sait que le labeur est derrière lui et que la nuit lavera ses visions, une accalmie dans le schéma de vie qu’il s’est créé. il n’a jamais su gérer la fin d’une saison.
le ciel abonde d’histoires nouvelles et surtout sans épreuves, il y croit fermement ! il y croit comme un engagé qui ment à son capitaine. il marche pour rentrer.
la voisine de mon ancien immeuble aurait pu jouer d’un instrument, il y avait tout le temps de la musique dans son appartement. elle recevait souvent.
on s’entendait à peine penser dans le voisinage.
les yeux tracés de khôl comme les maghrébines, elle me donnait l’impression d’une botte d’asperges sur les étalages du marché, un syndicat !
presque toutes câblées.
elle avait dans les alentours de la trentaine, une allure mince bien sûr, et espiègle ! je ne trouvais aucune affinité particulière avec ce style de femme.
d’une contrée lointaine et pour d’autres amours !
un doigt sur les lèvres
retrouvé par son esquisse
d’un chant violet
je la croisais à l’entrée de l’immeuble, mais plus souvent sur l’un des paliers de l’escalier. on échangeait sur nos activités courantes et les banalités.
somme toute, on était voisin.
elle me relatait parfois sans omettre le moindre détail les faits et gestes d’un autre locataire, elle en faisait une espèce de chronique avec l’esprit des conteurs.
je devinais presque ses intentions le jour du drame, même s’il me manquait la nature des circonstances que je finissais d’apprendre par la suite.
elle sortait cette fois sans manteau
il faisait froid
un drapé de pluie
ainsi sont les fleuves
parfois en hiver
elle baragouinait quelques mots en descendant les marches, les personnes stressés le font pour masquer une appréhension, mais pas que ! le croquis d’un sourire la parée.
elle me souhaitait la bienvenue, je ne réponds dans ce cas aux politesses d’usage qu’avec courtoisie.
j’évitais comme j’ai pu de croiser ses yeux, elle venait d’appeler les secours !
j’ai croisé de farouches reptiliennes, des formes et des couleurs jamais approchées, de franches âmes aussi aux longs cheveux. ils avaient des têtes qu’ils tenaient hautes et bizarres… au revoir gueule d’ange ! au revoir !
tu m’as accueillie
et je crois que tu m’aimes !
je n’ai pas pris de plaisir à te voir en deuil
un soir de tempête où j’étais seul
je reste un petit péroire hermétique à la vie
au revoir le bleu du bord de l’eau
j’ai croisé des loups sous la pluie de mazout sur les quais, c’était ok pour ma vie, mon ange. des grenouilles dans le brouillard épais et sec, toujours sur les mêmes quais… au revoir chat de gouttière ! au revoir !
les moyens du bord : les tables retournées, les balles en plastique, les mitrailleuses en fer rouillé, les grenades en bois, les pierres de chantier, l’eau chaude des tuyaux d’arrosage, etc.
c’est les jeux d’enfants qui aiment l’incontournable guéguerre
c’est bien que je ne m’en souvienne plus
je ne rêve plus, mon amour
je ne rêve plus tous les jours
une fille a vu ce que j’avais de meilleur en moi
je n’ai pas tenté de l’embrasser
un jour maigre, sinon pas des moindres
l’air du solide les croates l’ont emportés
les moyens du bord : dans le sublime de l’univers, dans l’encre rouge de magiques bulles, dans le sol qui se décompose ( on le voit le sol, alors plonge ! ) dans les premières impressions, etc.
c’est un lieu de jouissance
c’est bien que je ne m’en souvienne plus
je ne rêve plus, mon amour
je ne rêve plus tous les jours
je rêvasse lorsqu’est bousiller un titan de sang-froid
L'oreille du taureau à la fenêtre De la maison sauvage où le soleil blessé Un soleil intérieur de terre Tentures du réveil les parois de la chambre Ont vaincu le sommeil Paul Eluard
Poésie et textes originaux par Marina Rogard - Un autre regard sur l'amour, une parenthèse de lumière avec des mots qui jouent et dansent avec les coeurs.