je me souvenais de l’époque où je n’étais pas trop stupide, mais où j’allais
je rallongeais les idées lorsqu’elles me venaient, aucune ne s’atténuait. comme les ombres des arbres au crépuscule
les arbres par ailleurs me causaient le vertige
j’écrivais parfois toutes les nuits, sans tracer une ligne. je ne rencontrais cette hargne nulle part
je concevais un filet. je récitais mes poésies
je me prenais toutefois pour un bookmaker, pronostiquant sur les chances et l’audience d’un poème, bien avant de le dénaturaliser
quels dieux empêchaient leur envol, une unisson…
était-ce donc moi
l’homme pendu
à son sac
qui tenait du souk et bradait
d’un coude qui se détachait
d’une cité
j’inventais des problèmes de plus en plus les nerfs à vif, comme des lames qui raclaient mes os
je pourchassais mon destin, ma conscience était sans tache, baroque
je n’avais pas de solution à m’apporter, sinon pas affligé, – que pouvait un poème en ces temps de rift, en ces temps de chien qui plaident pour des chiens rongés par les bêtes ?
comme étaient les étranges arbres, la nuit, seul