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nous sommes fatigués de somnoler,- de courir à perdre pied,- de marcher,- de se lever avec nos fragilités,- de s’habiller de nos voix de ténor,- de remettre ça.
de descendre pour ensuite remonter,- de se tenir,- de tenir les murs,- de chausser nos chaussures neuves,- de se barber,- de redormir pour l’éternité.
de brider nos voix,- de discourir en fou,- de se voiler la face,- de fleurer en duel,- d’injurier sans crachas,- de subir nos désarrois,- de se taire et d’oublier.
je crois à la magie des verbes
les échelons qui m’amènent à cet instant
de suivre nos chances,- de se rehausser de vivre,- de vivre de vous,- de départir vos exploits,- de feindre que l’on vous a compris,- de procrastiner nos démons.
de se réinventer à l’infini,- de nous lire aveuglement,- de poétiser l’arc-en-ciel,- de travailler nos destins,- de piailler sans écho,- de performer le sang.
nous sommes fatigués d’intellectualiser,- de produire l’inactuel,- de corriger et repasser de nouveau,- de s’allonger sur vos divans,- de commercer les rapines.
j’entends perdre à tous les rendez-vous
les verbes comptent double dans une défaite
de creuser nos tombes,- de se brosser et de plaire,- de déguiser nos vérités,- de se masquer,- de sourire à nos vanités,- de calligraphier nos peurs.
d’empiler les lendemains,- de déchanter,- de zipper un lot commun,- de ne plus se reconnaître,- de ne plus rien vouloir,- d’erroner le juste posé.
d’harmoniser nos désordres,- de se détacher de tout,- de souiller nos lieux et coutumes,- de changer d’avis sur les êtres,- de nommer lorsqu’il s’agit que d’un regard.
je vague pour ne rien céder à l’amertume
les verbes voguent d’une mémoire à une autre
une journée de grève
je fracasse les billes en verre
de ma bourse
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nous sommes fatigués de s’aimer,- de toucher des bouts des doigts,- d’embrasser à pleine bouche,- d’embraser nos mots,- de humer vos parfums saturés.
de lécher,- de jouir à couvert,- de rentrer et de sortir,- de se réchauffer et de se refroidir,- d’affranchir nos âmes frileuses,- de contempler l’azur de nos corps.
d’érotiser nos conversations,- de procréer les ingratitudes,- de juger sans marteau,- de reprocher se qu’on essuie chez nous,- de parler et tout dire.
je m’abandonne à la force de parler
les verbes englobent le silence sans promiscuité
de bifurquer en dehors,- de pleurer des ruisseaux,- de chuchoter nos ébats,- de couler sans le souffle,- nous sommes fatigués de faire l’amour.
de sourire de nos disettes,- de déjeuner,- de déféquer puisque l’homme l’a choisi,- de boire que de l’eau de javel,- d’écouter et ne rien entendre,- de vous vomir.
de tousser du miel de revanche,- de se gratter même si c’est une bénédiction,- de ronfler sous vos draps,- de fouiner dans tous les recoins,- de jouir une dernière fois.
je noie les frustrations de la chair étouffée
elles ont du plomb dans l’estomac
de partir et ne plus revenir,- de promettre sur nos détériorations,- d’appeler en masqué,- d’échapper à nos conflits,- de s’empiffrer de vos cosmétiques.
de se connecter à qui vampirisera l’autre,- de se virtualiser avec des histoires souhaitées,- de chatter avec les idiotes,- de faxer les avalanches de sons.
de décrocher fâché,- de raccrocher sans réponse,- de bredouiller sur rien,- de photographier nos sexes,- de twitter sauf si on est intéressé. de se ramifier.
j’entrechoque chaque mot qui est une boule à facettes
comme la perle Amour
les nuits se font harem
transcendé par mes souvenirs
et le temps
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nous sommes fatigués des hauts et des bas dans la foi,- de ne jamais voir la nudité,- de patienter sans être un patient,- d’acter nos intuitions.
de pécher par timidité,- de reprendre lorsque rien n’est donné,- d’aumôner au plus fort,- de réinitialiser,- de sentimentaliser,- de mentir par excès.
nous sommes fatigués de porter des fruits prêtés,- de parier nos âmes sans rachat,- de juxtaposer nos réalités,- rien ni personne ne pardonne l’aisance.
je reste le jongleur sans torches de feu
le poète joue des verbes glanés
nous sommes fatigués de bénir,- de croire et de ne pas croire,- de prier les gens que l’on ne connaît pas,- de se purifier,- de guérir de la bonne santé.
de chuter sans parachute,- de se convaincre d’un pardon,- de s’ailler,- de sacraliser,- d’amourer nos incapacités,- d’invoquer pour nos morts,- seul Dieu m’en est témoin.
de conjuguer entre les paroisses,- de jeûner les jours de plaine lune,- d’ajourner nos délibérations,- de mourir à nos croyances,- d’admirer les prophéties.
d’orchestrer nos ablutions,- d’attendre nos enfers et nos paradis,- de se savoir à l’abri,- de ne pas se sentir à la hauteur,- de cheminer vers un but incertain.
de recenser le bien et le mal,- de se noyer dans le bleu,- de se proclamer autodafé,- de dévisager les ciels étoilés,- de fourmilier,- d’épingler nos idoles.
nous somme fatigués à la fin de se décomposer,- de se putrifier,- de caresser la matière,- de traverser,- de soumissionner nos vies en totale perte.
nous savons toujours allées
Dieu l’a voulu ainsi
trois jours monotones
je savoure l’Écrire des verbes
qui me aèrent
