( Premier cahier )
2009, Bordeaux, Tizi-Ouzou
un enfant marchait, marchait marchait marchait marchait marchait marchait marchait marchait marchait marchait marchait marchait marchait…
mon frère a donné au feu
chimériquement, qui sait ?
il l’a vu tout quitter comme un lièvre griffe les troncs
Nathalie plongeait mon sommeil dans le merveilleux, une belle et rare personne. elle m’avait demandée quelle couleur choisir parmi l’un de ses t-shirts. je rependais par le vert, si elle osait !
je me languissais d’elle, tant que nos peaux collaient sous les draps, tout allait bien ! son charme me rajeunissait
à Nathalie, je devais des explications, si elle voulait un jour les entendre. je lui parlerais :
de nos baisers confus
de nos langues entremêlées
de nos méandres et de la poussière
que notre week-end à Sarlat était une fête, une noce à la clarté ! je n’avais pas osé caresser ses blonds cheveux pendant son sommeil, et que ses paupières étaient semblables aux blanches feuilles
une danseuse
une âme
je lui confirais que ma vie n’était qu’amour et blâme, et de grâce qu’elle y demeure incarnée, goûteuse
Béatrice défunte avec la pointe de mon épée
ses incisives
poème vertical
une autre apparue
moi-même à la merci d’une autre
une rudesse sereine
un certain regard
une femme toute à l’heure
une grimace
la beauté de tes fières seins sous les lueurs d’un feu
des violettes et des nénuphars dans mon rêve de la nuit passée
j’avais les yeux noisette, fuite
j’ai déjà entendu ça quelque part, enfin je crois : un fruit ne ment jamais
mes fruits étaient blanchâtres
caractère et cristal, tout bonnement une flamme
angoisse
fumant
flâne
je jetais mon vibrant amour au milieu des vents
un habille, il était l’heure de se déplumer
comme moi, tu savais que le mot amour ne voulait plus rien dire, ou ne nous disait plus rien. nous étions trop sauvage
ce qui me séduisait :
ta peau
les gravas du jardin public
la nouvelle vague
le temps consacré à mes amours
la clairière de mon enfance
l’enfance du ciel
une grenadine glacé les après-midis d’été
les prières de mes larmes niées
les mots doux
une chose singulière : les battements de mon cœur
il y avait quelque chose d’une postérité dans le fait de tenir un journal. intemporalité
une voix de mes dires
comme le commun des mortels
ainsi vont les vieux loups et les fous
je prenais un verre avec Isylle dans l’or d’un après-midi d’été, ces mots me venaient comme d’un seul tenant : chapeaux de savane fatigué
( Une photographie )
un homme, la quarantaine, type maghrébin. des lunettes ray-ban noir et une petite moustache, un short beige massimo dutti, un caleçon blanc et chemise blanche zara cent pour cent coton, nouée au-dessus du nombril, chaussettes blanches lacoste avec deux rayures bleu et rouge, godasse randonnée timberland
ambiance décontractée, sans sourire
porte de sa main droite un paquet rym, une cigarettes de l’autre avec un extincteur 10 litres rouge cherrak
à sa gauche, en arrière plan , sans support, une tête de zèbre
sur un fond en tissu, ciel bleu pale nuageux blanc jaune
sol décor plateau de cinéma
lumière flashback
j’ai des besoins élémentaires pour mon corps, comme la faim et le froid. j’ai aussi un cœur sans abri, comme qui du manque est plein de tout ! des produits alimentaires, la banque :
c’est kif-kif pour la chine !
tout acte est un acte de résistance. cit.
j’ai un cœur sans abri. il délire d’amour, comme un élixir qu’il faudrait boire, avant qu’il ne s’assèche. je clame : je ne vis que par manque
je me considère comme une fournaise, pour tendre ma main vers une aide improbable. la voie internationale par-ci, l’international par-là
beaucoup sont morts pour rien, vient le devoir de mémoire, sinon al’ouach te hante ! si vous sauvez une vie, vous sauverez le monde. ils le disent en temps de paix
( Mrs Something )
un homme universellement reconnu. les bras longs, cosmiques. un peu baffi, arborant des charmes incontestables, avec cravate et cigare entre les mains
dans le casino, tout le monde lui souhaite une balle dans la tête. le trotteur, Mrs Something, joue au rouble, avec extravagance. il attend une personne :
Miss Silvestre
la première danse est nulle, retour à mes songes insondés. cet air, un nuage renversé
d’ailleurs, je n’ai plus d’amis. je ne suis pas aimé. j’ai fait avec les vents et parfois sans. ces mêmes vents qui tournent et claquent la porte aux plus hargneux
j’ai cédé ma place, une lance sur le palier à prit les devants. je me suis endurci, fermé en une litanie : je refuse – je refuse – je refuse ! pareil en des temps mémoriaux
la solitude m’a engendrée, comme un scarabée. je suis relégué au sous-sol comme un monstre parmi les morts-vivants
je n’en veux à personne, ce soir comme tous les soirs. je survole les nuages chargés d’électricité dans ma chambre-monde
( Entre quatre murs, une fenêtre )
j’allais dans le noir tombeau d’acier martelé, une détention et dans des conditions obscures. c’était le silence ancestrale du puits abyssale, humide, membrane solitaire
j’étais un bout de peau
comme tout était noir, la nuit, la tristesse… tu n’avais pas idée du sang qui coulait et se versait sur la table
je me vidais, de quoi ? personne ne pouvait répondre
je voyais des aliments purifiés, fumants
j’attendais pour fuir ta caresse qui ne se posait pas
j’errais sur les boulevards, je pensais à toi
j’errais parmi les gens au consulat, je rêvais de toi
j’étais mal devant mon médecin, je pensais à ton empathie
je te voyais partout
tu n’étais pas là
j’étais une barque, un tram, un boeing, qui espérait te transporter
j’étais encore jeune pour une si vieille histoire
fleur magnétique
sur quelle ile paradisiaque tu poussais ?
j’irai te cueillir au sommet et je croiserai le haut et le fort à l’idée de la mort, comme un soldat, un vétéran
est-ce que tu avais la vertu des femmes de soldats ?
je ne savais rien faire sans les autres
je portais lauréole d’un orphelin
je retournais chez moi en fredonnant ton nom
c’est à dire nulle part
j’ai fait de mon petit monde une chimère qui me dépasse, nourrit de fictions. je reviens vers toi, salam, Prophète de l’Eternel
je crois que je ne peux échapper à mon destin qu’un certain temps
et l’issue ne sera que plus fatale
mon recueil, une anthologie sur 11 ans, comportera 86 poèmes. il commencera avec cette épigraphe : Quand vous apparaîtra clairement de quel côté ceci à commencer. Shakespeare W.
page 2 : le titre du premier poème, vers la vie. ou, sous la lune.
page 3 : enfin seul… !
votez 1 pour vers la vie
votez 2 pour sous la lune ( le vote est ouvert à tous ! ).
lorsque tout répond Oui
je bave dans mon café. je fume une cigarette. il fait jour clair et chandelle graisseuse, dans mon cœur. finir, – mais quoi ? finir. le moribond
tout est tressé, et rien n’est à sa place : ciel – vent – terre
je déroule des jours longs sans me décider à parler, avec la conscience d’un moi à la dérive. hier, j’ai vu la pisseuse d’un mal logé, puisqu’il faut tout quantifier
mon regard s’est figé sur l’asphalte mouillé
de l’encre
je voudrais fuir ma langue
comme voler un recueil, nettement plus facile
( Sans titre )
elle se tenait devant un comptoir, ni assise ni debout. seule, buvant un mojito. comme sortie d’un conte du terroir, autant dire une apache. je referme mes yeux pour mieux la voir
elle n’était plus jeune du tout
elle avait perdu tous ses automnes partout
elle flottait comme une vierge tibétaine, hautaine, inondant mes oreilles du souffle chaud des promesses inféconde, avec le plus grand calme. une fourmilière dans sa main droite
je détestais cette façon de me voir sans me prêter une attention, de me rappeler la viande pourrissante et froide que j’étais
j’imaginais un coin de table et m’atteler à mon art, souverainement. j’ai eu un bureau entier, même au chaud. cependant, rien de produit n’est publiable, même le pire
je n’ai pas envie de retravailler, aussi. j’en viens à répondre à mes questions, dans des conciliabules invraisemblables, rien que pour avoir la tranquillité de l’esprit et chasser le doute
mon incapacité et cet étendard : bientôt – bientôt ! sonne vain, sans substance, comme un pays pauvre où l’eau ruisselle. même dans d’autres contextes, rien n’y fait
ah, plus de tiraille !
et dormir
habité par Hania.
nous partirons à la compagne, nous nous réserverons des marguerites pour la fuite du temps. les nuits plaines de douceur, nous ferons des fêtes cataclysmiques
il y aura même des anges qui tomberont du ciel, sur nos têtes
je me coucherai prés de toi
tout le long du jour des marchandes communions
nous quitterons les lieux sans crier gare sachant pertinemment que chacun de nous aura une dette envers son humanité. nous échangerons rien de tout cela, juste le plaisir de nous voir mutuellement
dans le blanc des yeux recouverts de suies
habité par Ghiles.
nous ressassons et le temps file nos pensées, noue nos histoires à venir. nous sublimons au-delà de nos forces l’univers de quelques objets faits de souvenirs
elle et ma médiocrité, nous vivions heureux ! je crois revivre notre histoire avant que tout ne retombe dans l’oubli, l’enfouissement
je prenais des pacotilles dans ma besace, j’allais cacher mon lourd chagrin. nous avons eu nos adieux de myrte, c’étais dû à l’harmonie des après-midis d’été, jamais menés jusqu’au bout
je pleurais de rage
et je riais
je ne demandais rien. je changeais tout : les chemins de foire dans ma mémoire, à devant une glace, à une armoire ! je voyais l’inutile vieillard que je serai, mon visage convulsé, bleu
j’accepte à présent un peu de lumière dans ma triste vie
je me demande s’il faut durer, et que je lui dois tout
nous avons abattu un arbre, pourtant assimilable. c’était un sapin, très vieux, presque sans âge, une tour de garde ! le quartier depuis est devenu méconnaissable. un acte tragique
nous disions qu’il était dangereux de jouer en dessous, qu’il risquait à tout moment de s’effondrer. il était effectivement très haut et se balançait comme un enfant, instable
comme nous tous, je voulais l’abattre et faire un grand feu, danser autour comme les indiens, sachant qu’ils ne feraient jamais ça ! j’accrochais dessus des guirlandes en papier en signe d’adieu
à la fin de ce qui en restait
j’entendais ses plaintes et ses écorchures
( Au musée de Constantine )
un buste en pierre, une merveille qui resurgit des griffes du temps, une femme que l’on aime, une déesse oubliée, etc. l’attente exquise et l’esquive du maitre d’œuvre, où posait-il ses mains ?
une ombre bleue glisse sur son sein gauche, une lumière noyée. un buste qui ensorcèle mon cœur
affolement des sens
du temps et de l’espace, une musique !
mon cousin me dit qu’il n’est pas très orthodoxe d’observer trop longtemps une statue
de vieux souvenirs qui remontent de très loin, je ne voyais que ma solitude. seul, j’avais comme guide son amour. mon cœur bat, irritations de ses niveaux
amoureux de ses désirs
j’apprenais son alchimie
somme répétitive
peur native
cette femme est comme une arantèle. j’erre crépusculaire. je dois reprendre le poil de la bête, charogne ! écrire
( Pastiche – Collage )
je me pavane de rayon en rayon
derrière ton épaule
je m’éveille dès que je te touche
*
il y a des patates qui
meurent en
purée
sans pipées
un mot
et d’autres friandes
murmurent sur
la poêle
qu’importe
de les manger
me rend patraque !
*
le rêve, mon amour
est de rêver éveillé
mon rêve, mon amour
est de regagner la pureté
de la souillure
de mon âme
la blessure sera lavée
moi, mon amour
je vois le jour clair comme une catastrophe épidémique
je veux t’atteindre
me souvenant de rien
tout est aux oubliettes consignées
me souvenant de presque rien
presque est une brindille
les moments forts les heures de gloire
englouties par les années mortes
les mêmes feuilles mortes qui fermentent dans un pot
*
aube d’un dimanche bleu
une vivante plaie !
trait blanc de la vérité nue
nulle autre pareille chance
le rideau s’est levé
silence
*
l’amour n’est plus dans les parages
que reste il ? mourir ici-bas ?
que mon chaos soit et parle
je reconnaitrais peut-être une dynamique de vie
donne le meilleur de toi-même
et garde à jamais à tout jamais
son empreinte
souviens-toi que tu es mortel
*
on ne devient pas
on est
c’est ce qui nous distingue d’eux, vous de moi
je n’ai pas vu venir la fontainette
où, je me suis frotté à des milliers de rêves
*
effectuez une recherche
sur le sentiment amoureux
ou saisissez le numéro
de votre carte de payement
*
je ne sais
de l’ordinateur ou
des réseaux
qui n’aime pas
l’historique
et sans histoire à se raconter
on se débat
on s’abat soi-même
le fil
tout y est
*
je tiens pour précieux
l’espace entre
mes yeux et le verre de mes lunettes
je m’inquiète de leur santé
plus qu’avant
plus que tout au monde
*
je vis dans une cage, comme mon oiseau vivait pour le chant, comme l’annonce de sa mort imminente ! la conscience que j’ai de lui me mène vers des mots que je ne peux pas dire
la nouvelle de sa mort me vient comme une annonce imminente de la fin. comment trouver les mots justes, je n’écris alors rien, je n’écrirai pas mon poème dans cet état
je refuse d’écrire un poème dans cet état, mon chardonneret d’élevage est mort ! il a fini très mal avec sa tête dégarnie, un vrai supplicié, prédestiné déjà à l’autre côté, la mort
à l’heure actuelle, les poux dévorent ses ailes
son rouge indien derrière des barreaux de fer
il est mort un mardi, accompagné de mon dernier baiser
pour finir englouti dans une poubelle
*
( Lorsqu’on croise une femme )
Printemps 2018, Tizi-ouzou
cette après-midi, une femme dans le centre-ville levait les yeux au ciel et regardait les nuages éparses, extravagante et belle, qui tenait une bouteille d’eau minéral entre ses mains
j’étais d’humeur sombre les yeux grands ouverts, érectiles ! je la distinguais parfaitement au milieu des autres gens. elle était une perle, vraiment elle sortait du lot
cet acte devrait être inscrit dans les annales scolaires, ou bâtir une statue à son effigie
l’engouement en ce moment pour cet art frôle le paroxysme
je me souviens d’une femme, vendeuse de la rue Marechal à Nantes, j’étais jaloux et pas qu’un peu, quelques crasseux qui suçaient le suc de Judith, ma Judith !
elle avait une peau couleur de miel et ses cheveux corbeaux
de son présent
elle ne voyait que la vie pratique
si ce n’était l’impression qu’il n’y avait que moi pour la comprendre, et ses seins, même aujourd’hui, je ne m’en soucierais qu’à moitié
Judith était comme un pot de verveine en vitrine
( Sans titre )
Été 2019, Tizi-Ouzou, Kabylie
je réfléchis à la poésie, précisément à la traduction de l’arabe et le français
revois un peu mina nasib !
nous y sommes…
nous s’y sommes pour rien
une plume étrangère entre les mains d’un étranger
le temps des adieux approche
sans sourire du temps d’avant
moi, moi, moi, moi,… globale !
c’est le chapitre nouveau qu’ils vantent
une mort certaine
après une lecture de Pascal, ses pensées, le chapitre sur le divertissement :
je me demande pourquoi ils maintiennent l’alphabet dans l’application d’appels ?
question existentielle, peut-être
un commerçant ne regarde jamais en arrière, tout son être est tourné vers l’avenir. la fidélité lui importe peu, tant que tu ne changes rien à tes habitudes
est-ce que le contradicteur de Char s’oppose à la paranoïaque critique ?
chers amis lecteurs, penseurs et poètes, etc.
cela m’a valu un like !
( sans titre )
Printemps 2021, Tizi-Ouzou, Kabylie
1 : il ne respire plus
2 : vérifie son cœur
3 : éventre le !
4 : fais voir ma part
lorsque la vie vous assène des coups, il y aura des personnes pour vous faire mordre la poussière, parmi ceux que vous chérissez
( Sans titre )
après une nuit orageuse, la ville me ressemble, lavée de ses saletés, de ses défaites et de ses morts. me voici rendu à moi-même, à ma table avec des feuilles et mon crayon
je l’entends à leurs voix, les gens ne pardonnent pas, ils hurlent coupable ! il faut que je chavire, sans mes entrailles, même pire, ne plus tenir le coup, ne pas suivre le foutoire
je suis condamnable avant la levée du marteau, c’est lui – c’est lui – rattrapez-le ! je souris, sournois, puisque tout m’est inaccessible, hors de mes mains, comme cette nuit
mon cœur est côté fenêtre
les mouettes percent le ciel
blanches comme un hôpital
un bol d’air
d’humeur nocturne
mes yeux s’accrochent
ils m’excluent. je me tais. il faudrait que je tue, un carnage ! la cité me couvre, comme la prévision d’un accident. je ne connais que trop bien leurs limites
le ciel est talonné à ma guise, ça ne se pardonne pas, ça aussi. je rêve d’un calme qui n’accepte pas, qui m’inonde. un énorme silence dans les vents, – pourquoi pas ?
je sais que tout retombe, chaque chose se vit une seconde fois. seul, osant un signe, une promesse. cette ville, ma tombe, comme un air de déjà vu. royale
je donne sur l’arrière cour, à l’étage. elle est propre, caressée par la brise, un chien aboie. ma chambre contient deux lits, une table et un téléviseur, propre aussi. la salle de bain est à part
je n’ai aucune posture, mes idées sont grisées, folles. jeune, elle étaient belles, dégoulinantes de mièvreries, de bons sentiments. je ne sais ce qui me rappelle l’Europe
un climatiseur tourne, ronfle. attention je suis cerné !
est-ce que j’étais déjà là un jour ?
je comprends à peine mes choix, mes erreurs et mes échecs. je n’aurais jamais une vie rangée, cela m’étoufferai, sans doute. comment se ressaisir, à force, il faut du recul. je ne m’apitoie pas
ils disent de moi que je suis sans cœur, haineux. l’homme à la tête noire, – ça ne veut rien dire ! je n’ai suivi que le cour des choses, les saisons, les puits et mon fond
je m’ennuis de moi, me trouvant lâche, bon à rien. ils me le font assez comprendre, même si je n’y crois pas, venant d’eux, de quel droit
je n’ai pu trouver le geste, trop longtemps oppressé. la rancœur m’aveugle et me consume. j’ai peur des coulisses, que l’on me refuse la vie, moi et mes passions
j’ai lu les poètes que je voulais
et j’ai laissé
j’ai eu les aventures que je voulais
et j’ai laissé
l’heure est passé, je serre les dents
je rêve d’une voix qui traverse les rues, surplombe les immeubles. une voix qui m’enveloppe, et vomit tout, les démons compris. je ne sais où je serai demain
je relâche les liens de ma mémoire détériorée, confisquée. le ciel m’en veut, il me broie. quand est-ce est le temps ? … et ne m’en souci point
l’eau du robinet avec son arrière goût ne me désaltère pas. ils m’auront laisser la soif. j’ouvre mon misérable cœur, seulement
Merahi Y. a mal au cœur, trop de soucis peut-être, l’âge n’arrogant rien. son doigt s’est posé sur cette corde. beaucoup d’hésitation avant de tout saccager, de se foutre en l’air

( La poignée a une fonction, ouvrir ! )
Été 2021, Cadéac Les Bains, Les Hautes-Pyrénées
quelque chose me liait encore à toi, Zahia El Djazaïr ! tu venais de te marier avec l’ami de ton frère, après la réponse négative de ta demande de visa. tu scellais cette union en enfantant un garçon
ils m’avaient fait savoir que tu étais avec un homme d’une famille aisée,- avais tu seulement le choix ? cela déjà tenait d’une fabrique
leurs intentions étaient tournées au juste vers moi, même si j’en doutais, parfois. ils disaient que je n’étais pas assez responsable pour construire, etc. ( Je tiens en horreur ce mot ! )
il y avait de quoi se décourager et s’en vouloir, mais cela ne me ressemble pas, peut-être de loin ! je ne prenais plus mes désirs pour des réalités, j’arrêtais surtout de me définir par ce qui me plaît
j’étais heureux pour vous et votre foyer qui se fondait, votre couple qui se construisait, votre enfant… comme très peu pouvaient le concevoir, même avec pareilles circonstances
je viens de quelque part et toute mon erreur était de les écouter, de laisser. ils disaient pour finir que l’enfant aurait pu être mon fils
femme qui reste
la lune m’éloigne de son chemin
là haut chante

( Sans titre )
Automne 2021, Bordeaux
après une représentation du texte de Joel, Raymond et moi.
je sonnais par crainte d’ouvrir… le gars / comédien / barbe de quelques jours / cheveux long / onduleux / le il ou ce je / qu’importe / ses tripes / male et une pièce / nous devant / le roi des devants / quel drôle de coïncidence à rebours / recommencement / rien / pensée aux nœuds stridents / renoncement de renom / la mienne de présence et la tienne de scène / personnage qui au-delà du texte / rêves / bistouri à trop / modérateur des ondulations / le il ou elle / musique / sacrée peur viscérale et ne plus / bois / mélanges / que ça que ça ô si peu mon pauvre cœur / qu’elle / cœur de chien qui de mes visions / qu’elle sortie / jamais sans l’amoureuse / autres / pas là pour eux / pas là / son pas d’impala / lorsque ce je / rivières et fluides / ceux à la tête glacée / retournée et mole / très peu de la stance d’un chien / vous / mais lui / crachats / où l’autre sorte de contrôle / les poubelles et des odeurs médicinales / tout / ombres qui comme mes pulsions / mais je / tout et en rien / les arbres de la vieille litanie / voie de science / l’automne / souche ou mes niaiseries / l’heure des applaudissements / phoque sur du sable noir / l’heure des au revoirs / au revoi

( Aménagements d’un dire )
Automne 2021, Villenave d’Ornon, Gironde
est-ce que les rendez-vous que tu fixes sur les demi heures ne t’engagent qu’à moitié ?
les heures sont longues dans les logements sociaux
j’ai beau espérer la visite de dif allah*
il ne se manifestera jamais, jamais
j’écoute mon intérieur blanc
je savonne mes mains
soudain
l’attente fait intrusion
blanche ombre
une forêt derrière les stores
demain sera long
je rentrerai forcément à bon port en me laissant porter par les vents, comme plus personne ne me prend au sérieux…, toutes voiles dehors, je te désavouerai à la manière de Tristan !
je dépoussière depuis dix ans le grenier de mon esprit. je le vide de ses breloques, obsessions, hantises, etc. la crainte était si cela n’est qu’une passade, comme ton amour incertain
…chaque page que je noirci, rumine et retourne, assombrit mon soleil pour de vertes prairies
que ta pluie tombe ! que ton amour gèle !
je resterais dans l’offense, sans adversaire, d’un idéal nocturne et seul
c’est sur les sites de rencontre que j’apprenais la couleur de mes cheveux, bruns et mes yeux noisette ! moi, je ne remarquais que leur noirceur, une commune mesure
je me souviens de mon incompréhension le jour où je disais : finir avec des lunettes et chauve est la moins pire des destinées
je rêvais d’une cendrions
mémoire ou armoire à glace ?
tu conclus par la mémoire de l’armoire à glace !
je dis de l’homme écrivant qu’il est perçu comme une trahison dans l’ordre social et divin, mais sur quelle mensonge s’est fondé le genre humain : une faramineuse !
… et de ça, j’en ai plus qu’assez.
tu savais où aller avec elle
tu doutes à présent
elle t’éprouve !
cède sous la chaleur de mes bras…
cède, cède, cède, etc.
à l’automne, à la feuille aux vents
tu meurs de ne plus lui plaire
tu signes par : ton cher grumeau désarçonné
je crois que les écrivains algériens cherchent à donner un récit à la nation, le fonder, certainement du côté de l’histoire, sans compter que sur le plan littéraire se poursuit la catastrophe
je peux concevoir que sous-prétexte d’une victoire sur le colonialisme, ils se sentent capables de l’écrire, alors que les enjeux d’aujourd’hui sont une histoire globale
je tiens en horreur les chansons politiques, identitaires, contestataires, pédagogiques, commémoratives, etc. quasiment l’ensemble du patrimoine culturel de la chanson algérienne contemporaine
penser à enlever les virgules !
un nom à dire : Kamel Messaoudi !
une deuxième allée
les contours brumeux recouvrent
tes yeux de pleurs
je réfléchis à l’obligation envers les amis sur les réseaux sociaux, les trottoirs du quartier, etc. comme ne pas accepter n’importe qui sur sa liste, son fil d’actualité, ses pensées, etc. en voici justement une :
à l’heure du Congo
l’enfant pleure de ses dons
une main tendue
puisque je souille et purifie tout
de la même obédience, je reviendrai sur presque tout
comme le wi-fi
ici est un ailleurs…
fun

* Titre d’une qasida chaâbi de Amar Ezzahi.
( Vous arriverez trop tard, indistinctement )
j’ai assimilé certaines choses, rien qu’aujourd’hui : les sociétés sont inhumaines, ses sujets vivent avec la honte et la culpabilité. la honte de vivre après la mort d’un proche, de vivre après la pandémie, la maladie, de vivre après vingt sept ans
inhumaines puisque nous en sommes là, persuader de notre insignifiance qui ne dit rien. nous dérivons, voilà tout. je ne vois pour ma part à l’instant que le droit de partir ou en finir, une tentative désespérée qui découle
partir au loin
et suivre la ligne de l’horizon
avec ses démons
j’avale chaque soir des pilules, comme les gens qui s’en foutent un peu. j’envisage de faire une sculpture avec les emballages. si cela n’est pas de la résilience, que suis-je, etc. pire que de ne pas désigner, ne pas tenter simplement d’écrire, dire
de moi, de mes dépressions et mon désarroi… que reste t-il ? vont-ils passer, tout court ? écrire sur un fond acide et noir, va t-il me passer ? je ne cherche rien à atténuer, l’horreur. je me demande comment sont les guerres parmi les anges, puisqu’elles commencent avec mon juge, mon médecin
je disais d’une voix à peine voilée le mélange des esprits, sur mon rapport à mon enfance et les enfants, mais au juste, c’est un fléau. l’histoire les emplie et note
se tenir au bord
comme un roi sans de l’or
croire à la fusion
un pas, une inclination
la mort me suivait partout, en moi, de la terre au ciel, bien avant de rejoindre les statistiques, d’être fixer par le bout des doigts.
cette séquence relatée n’est pas plus importante qu’une autre histoire, mais ce qu’on en fait… mieux vaut que personne ne sache. je tiens aussi, fraternellement, de l’histoire des juifs, de la marque au poignard sur le nez
il se trouve des hommes et des femmes qui n’arrivent à rien en ce monde, qui ne gagnent rien à résister, derrière les verrières, seuls. je chercherai par-dessus tout à soutenir la dignité d’être libre, morale et aimant
les algériens n’aiment pas la poésie qui dit son désespoir, qui hurle à la mort, mais plus avenants lorsqu’il s’agit de la fantaisie, curiosité, niaiserie, etc. l’autre minorité reconnait qu’elle n’y entend rien. et ceux qui arrivent ? les maisons d’édition ne se bousculent pas chez les poètes, pour peu qu’il ou elle soit amateur et écervelé, aucune ne misera dessus. les libraires ne publient pas et ne prennent même plus de la poésie. demandez à un poète de se vendre, de se promouvoir, d’être market… ! il se grattera la tête et vous proposera une clope. n’est il pas le maillon d’une chaine industrielle, par exemple, je serre wp lorsque je m’exprime ici, personne d’autre, directement ou pas. ils disent initiateur de projet, alors passe en second plan, autant dire des termes et des foutaises pour combler son ego. les algériens savent lire mais ne lisent rien, très rares ! ils ne savent pas écrire et débitent des inepties à longueur de temps
je réfléchis à comment être un bon voisin, en harmonie aussi avec mes pensées et les objets qui m’entourent
weekend
00h34
une machine à laver tourne
un ventre gargouille
c’est l’automne
à moi d’imaginer la vie qui va avec
comme un goût de lessive dans la bouche
la poussière a déjà crier victoire
Si Mhand, présentation quasi religieuse ? pourtant, Mammeri
il aimait les villages et les chemins de Kabylie, les cafés maures et le haschich. mais surtout chanter
il traçait des cartes, géographe
à nul autre pareil
je doute sur la bonne foi des personnes qui appellent au châtiment divin, ils n’expriment qu’une irréalisation personnelle, une lacune. ils me plaignent, disent perdu, orphelin ou même que c’est Dieu qui m’accable de tous mes maux, – quel fanfaron je fais si j’y croyais ?
je me méfie de l’enfant que j’étais, sinon moins des enfants d’aujourd’hui ! combien est profonde la pensée de n’y pouvoir rien. quelque chose me fait pleurer là. j’échappe à moi-même, déjà différent. le pardon entre nous n’est plus
( Un mort ça creuse )
il m’arrivait de ne pas reconnaitre un mort par son nom, je ne les retenais qu’après une fréquentation continue. je reçois à présent un coup qui se produit à chaque terrible annonce et ma conscience s’alourdit de la perte
je ne m’approchais aux enterrements qu’à peine pour entendre les prières, mais jamais pour l’adieu d’un visage. j’allais pour ceux qui m’étaient encore plus étrangers, à fin de me recueillir et m’éloigner bien qu’un peu entacher
la mort dit toujours autre chose
… !
j’accompagnais l’impatience des ombres, est-ce cela être un homme ? mon ciel s’assombrissait sous un irradiant soleil. les âmes d’une vibration montaient et rejoignaient leur céleste demeure. le cimetière retrouvait ses endeuillés et visiteurs
tout cela semblait d’une banalité. une crème
je me promettais de ne plus revenir deux fois sur le même chemin, lorsqu’un évènement était sans enseignements ou douloureux. je rends grâce à Dieu de m’éclairer sur mes incompréhensions et d’octroyer à toute chose un espace
( Rien qu’un deal )
Hiver 2021/2022, Villenave d’Ornon, Gironde
Malek Haddad
des vers
comme sont
les jets de sperme
je vais prendre un meuble spécialement pour mes crottes de nez, puisque leur prix est le même qu’une voiture. je m’essuierai les doigts dessus avec une drôle de satisfaction
j’allais chez le boulanger pour une galette, comme à chaque éternité, c’est à dire le temps qu’à durer notre histoire. j’étais sûr au moins de recevoir la fève, un gourdin cette fois-ci ! cela m’assomme. c’était hier, tu recevais la tienne
je me demande pourquoi Djaout n’a pas d’œuvres poétiques complètes, il est difficile aussi de se procurer ses recueils, malgré mes efforts. je me rappelle de la librairie cheikh et ceux d’Alger…
poésie introuvable / poésie intouchable
mal servit
le ciel est rouge ocre, presque infernal, une profondeur
lorsque je lis les poésies de Morrison, j’entends la vie et ses imperfections, je vois son obscurité, et c’est beau
parmi les ombres
une voix s’effraie un chemin
une trace
il est 06h10. la nuit, me faut-il hiberner ?
je crois que j’ai sacrifié dix ans, de l’argent, rien que pour monter dans un camion poubelle, le mien, cela remonte encore à plus loin, à mon enfance, la fois où des éboueurs me laissaient m’accrocher sur le leur à l’arrière
des années durant lesquelles je faisais taire mes envies d’écrire de la poésie, quoique je glanais par-ci par-là… j’apprenais des hommes qui exerceraient un métier considéré comme dégradant
j’aurais pu vivre dedans. ils n’avaient rien compris ceux qui disaient que ce camion était comme mon enfant
mais tout ça, je l’ai fait
on ne savait pas toujours
ce que foutait le cul de mon camion
sinon ravaler le surplus des habitants
à 37 ans
mon âge commence à me paraitre flou, vague
il me suffit de lire une poétesse
pour me sentir comme dans une relation avec une femme
Dib écrivait ses romans comme un poète
et sa poésie comme un écrivain
ou peut-être
je décelais dans sa prose de la poésie
et dans sa poésie de la prose
je me sens plus serein après sa lecture, du choix de la forme et ma trajectoire, comme par exemple l’emploie reçurent qu’il faisait du mot ombre, sous plusieurs aspects
lorsque chaque mot est un coac, chaque retour à la ligne, chaque virgule ou conjonction
arraché de l’oubli, de l’abime
même la musique de mes vers est jaugée
cela ne m’intéresse pas de bâtir de nouveaux édifices, des cathédrales ou autres
y a qu’à être un monstre !
je comparais mon esprit à une aura opérant longtemps après son passage, en laissant le doute planer
je cherchais par où jaillirait l’infini, quand tout autour s’étalait la mort, les eaux noires
quête d’un malheureux
il me revient en de rares moments une question : suis-je un despote ? aussi tôt suivit par l’idée qu’il n’y a pas meilleur que moi pour laisser vivre, dans tous les sens, même par le feu
une consolation de naguère
je n’exige pas moins de mes interlocuteurs, puisqu’il ne me reste aucun soutien ici-bas
je compte mes entrées chez les morts qui s’empilent sous la poussière, mes recueils qui commencent par : il était une fois… , puis l’aube
publier, c’est mourir à son époque, de son vivant. c’est faillir. je n’ai rien d’un acteur, nul ne me rendra mes plus belles érections, sinon une version édulcorée
la naïveté d’un croyant et de prendre incha’allah pour un deal
lorsqu’ils veulent prendre, cela doit être immédiat
mais lorsqu’il est question de rendre
ils disent : demain, demain, etc.
ils misent sur le temps, l’abrogation, la défaillance
le temps est trop long
on n’oublie rien avec si peu de sous
ils écourtent, tiennent un calendrier de leurs humeurs
sans aucune circulation
il ne te restera plus qu’à emprunter à ton tour
pour faire face aux coups durs
toi qui compte sur tes doigts
le Je des sociétés est celui de l’appropriation, domination, paraitre, etc.
je propose une forme, un autre sujet, mais que je ne tue pas
nous sacrifions nos enfants pour le soleil et le nil
nous sommes affranchis lorsqu’ils partent dans des embarcations de fortune
Ibrahim nous sauve des insensés
dir tawil à tes enfants
commence par taâbiya
yaqrah s’zemour pour les bobos, les maux
vieilli l’izem
j’ai envie de jeter du sel dans l’évier
pas vous ? sarcasme
vous vous refugiez derrière vos obligations
vos familles
vos mensonges
vos semblants…
ça ne fera pas de vous des hommes, à la limite des plaisantins
cachez vous sous / dans vos forêts
rare sont ceux qui sont à la hauteur d’une amitié
vous n’êtes pas le premier à passer
je n’accepterai jamais l’affront
je ne resterai pas dans le noir ce soir
puisque j’ai perdu
mes petits boutons d’eczémas
mon amitié
comme un bœuf ruminant
obnubilé par la paille devant ses yeux
difficile d’avaler après ça
moi qui ai tout gobé
la froide nuit est préférable à une veille
un sacré gâchis, perte, oubli… pardi !
je ne crois plus ce que je vois, depuis toujours, toujours
serai-je un jour orphelin de mon obscurité ?
insupportable, on m’a dit
ils te feront ravaler ta poésie
en revanche, tiens, un grillon turbine, – ami ?
( Une performance )
Printemps 2022, Villenave D’Ornon, Gironde
installation
13 hommes et femmes
nus
dans des aquariums carrés de verre d’une hauteur 2m10, et longueur des côtés 1435 mm, emplis d’eaux jusqu’aux cous des participants
chacun individuellement
alignés en cercle
hangar plongé dans le noir et le silence
sauf, faible lumière dans les récipients avec des bandes adhésifs
et ce, immergés vingt quatre minutes
titre : Grâce Et Sueurs
rien ne me prédisposer à écrire
c’est à dire tout, comme il fallait que ce tout s’effondre
je me questionne, toujours, cela frôle la paralysie. je ne parlerai un jour que de Dieu, comme font les vieux dans les quartiers, surtout parler des fesses et les femmes.
c’est là une fin, si je ne fini pas vaincu
vous êtes les premiers à quitter, j’ai raté
un bourricot à qui on aurait enseigné un tas d’éléments, sauf ce qui lui tend au nez, le chemin à arpenter, la parole dite
regarde, le ciel est bleu et tes pensées sentent les appâts de poissons
aux amériques, chacun a son propre rap, composé aux petits soins par soi, un peu moins en europe. comme tout découle de la vie des prophètes, je me demande lequel des 313 avait le sien ?
je précise le genre i am ou dre en fin de croisière*
qu’est-ce que ça veut dire sur le net les jeunes gens qui font des reconstitutions, dans des courtes vidéos, genre des comédiens, où tout fait allusion au sexe, même pas drôle en plus
( Ferment )
Automne 2022, Villenave d’Ornon
de consulter mes comptes au pays
c’est comme si j’y étais
un contact même virtuel, c’est un peu de moi qui reste
c’est déjà ça… , un nom dans une banque !
maintenant, rien ne bouge – plus rien ne marche
maintenant, que faire de mon passeport, des rues et des arbres, des parfums
et des visages, etc. quelle trombe !
il y a un ailleurs, bien sur, je m’y tiens à côté, debout
un peu tordu de la tête
ce n’est pas une ile, plutôt un blanc silence
j’espère y faire mon entrée
j’espère qu’il y aura des rires
à la radio 3
( Est-ce qu’un portefeuille est le contraire du portemonnaie ? )
mon portefeuille entre les mains, je me réfère aux couleurs
de mes cartes et des billets qu’il faut dire rares
comme j’évite certains compartiments, comme ceux des photos
et les derniers mots sur papier de mes ex
comme tout est un fatras, j’évite aussi de le sortir de ma besace
lors de mes passages en caisse
je ne le mets que rarement en poche
il me donne l’impression d’être un chasseur
avec sa couleur noire, en peau de serpent
je ne sais ce que signifie la passion de la maroquinerie
à partir de mon adolescence, des portefeuilles j’en ai eu beaucoup
j’en ai chipé quelques uns et échangé
celui-ci je n’envisage pas de le changer, sauf si je le perd ou me le fais voler
à mon tour
… , ils exposent des sapins
je retiens leur senteur
tu sais, passante, une poêle peut
m’arracher la peau des fesses
quelqu’un précèdera toujours, court
neuf heures du matin, un hobo ?
dégoupille une bière à crédit – ne pas presser
une réclame jaune dit que 10 % voudrait
seulement pouvoir le faire, manger
sur les mêmes supports ciblés – une longue queue
( ils se vantent de l’appellation banque, – kilo ! sauf en banlieue ? ).
je ne sais pas comment finir ce poème
comme la fin de ce mois, tant pis
le terminal infernal me demande
un rond ? non, je remonte
du 16 décembre, – à 12 ans, j’avais une tirelire
un nain aux joues rouges, céramique, tin – tin
pourquoi faire sinon pour la musique
( Frontières brouillées )
Hiver 2022 – 2023 , Villenave d’Ornon
Abdellatif Laâbi
poésie frontale, d’exilé. une sorte d’inventaire de la littérature du maghreb et de l’orient. une frénésie, comme s’il se passe toujours quelque chose ici où la, quelque part au-delà
phobies, tics d’un ancien détenu. il se justifie sans cesse. constamment dans la représentation de soi. il s’adresse dans une écriture simple, que l’on peut considérer accessible
on sent le travail de relecture, de donner une forme et une homogénéité à l’ensemble. je doute que l’édition en ma possession soit les œuvres poétiques complètes, des écarts dans les dates
j’ai visionné hier un film restauré de Buster Keaton, Les financés de la folie. il m’a lassé une forte impression, un film muet qui se raconte, très drôle, ça va dans tous les sens, tout y bouge
toute l’amèrique de cet époque y est. la foi donne le ton, sonne le là
je crois en de rares moments percevoir mon recueil
et souvent lorsqu’il m’échappe
l’année se termine mal, très mal comme chaque année
puisqu’il n’y ait pas sur les étales
une malédiction une poisse… , – même s’ils n’existent pas chez le Créateur
à tort, je finis par y adhérer : lèpre mimosa !
je ne veux pas chanter, sinon la danse de mon corps
je fais dans la divination, déceler une fissure chercher une augure
quelque chose de palpable dans le vide et dit lance toi
ton pays t’attend, de futurs lecteurs ou amis, des sourires complices
tu sauras voir à hauteur d’hommes – tu en sortiras laver
ce truc où il faut que j’embarque sinon cela n’arrête pas
peut-être… , et
c’est dur en ce moment
je me sens plus seul que jamais,
je n’ose plus parler d’amis ! le cercle de mes connaissances alors a
rétréci, tout petit, minuscule
je m’en bedaine sous leurs regards poisseux
m’y voir encore avec
tbm, wordpress, amazone, etc. ont parfois de délicates attentions
autre valeur, – sous-pèse ? ailleurs, vers… , on te blâme pour ta saveur ! ce jour d’hui
il vaut mi e u x é t r e s e u l q u e… , – pause, ma solitude est démonte
l’écriture, la poésie, la vie… , me font mal ! par rebond, ils m’estomaquent
pareil, je ne peux dire les miens
recouvrement – dédouanement
mais vrai, je suis poète. la beauté ne pique pas les yeux
H. je me la souhaitais pour épouse il y a 23 ans. récemment, elle me
lançait une invitation. rien, sinon l’incapacité d’aller
presque rien, une branlette sur un film nippon. et, rendu fébrilement, comme cela
se déroule loin
j’ai rêvé d’une poétique qui s’appuie sur un poème, que toute une vie
s’engouffre dans un mot, un nom
je me souviens de l’histoire d’un prophète et d’une échelle…
la cérémonie est très vague dans ma représentation, comme elle tient
du : ça n’a pas l’air, mais… !
les nuits, je remonte, toute coulée dehors. j’entends espoir
c’était des anges,
comme y en a qui n’en finissent pas de finir
vers, aussi, un adieu
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