À Hania.
il faut nous tirer parfois les fleurs du nez.
les belles fleurs des genêts
passent les saisons et les grands froids
c’est l’âme des immeubles d’où s’échappe l’odeur du lait
mêlé à ma douce voix
mon genêt est une couveuse de vies à qui je fais l’amour nerveusement !
mon genêt est le roi des brigands qui fait la tournée des magasins agonisants !
mon genêt est une arme courtoise et un murmure des fonds marins !
mon genêt est l’ornement d’une fille à qui je parle aux heures de la nuit ferme !
mon genêt est une traînée de poudre de la plus méchante des ogresses !
mon genêt est le passage d’un camion poubelle qui ne ramasse rien !
mon genêt est la montée des âmes vers le monde des rêves striés !
mon genêt est l’étalage de sang sur le sol des chiens errants !
mon genêt est le point de ralliement du dernier chameau de kabylie !
mon genêt est une bourrasque d’été qui mouille même les dents !
mon genêt est une vieille fille qui palpite et n’arrive pas à remplir son carnet !
s’affranchir, c’est d’abord saisir
les kilomètres des vies en noir et en jaune
c’est des segments qui emplissent nos yeux
de la couronne lunaire
l’horizon d’infinis genêts est au verrou d’à côté
il nous faut gravir l’utopie