dans l’un de mes voyages // dans l’un de mes romans
j’ai appris
qu’il n’y a pas que la bourse dans la vie
qu’il n’y a pas que les bons et les mauvais, le bien ou le mal
je ne suis personne // je suis de toutes les douleurs
j’aligne des lignes à l’encre de mon sang
comme maintenant // comme avant
l’esprit de ce chant est un adieu
j’existe dans la contemplation // j’existe dans l’amour
je me ballades dans les rues d’une ville irréelle
leurs âmes m’habitent // j’habite mon cœur
les soirs : triste et seul
chaque soir je meurs // chaque matin je me relève
je sais qu’il n’y a plus d’espoir
chaque soir je meurs // chaque matin je me relève
je sais qu’il y a une lueur
je suis l’esseulé // je suis Tahen
désespérément
le bureau des réclamations est sourd // le bureau des lamentations est aveugle
nombreux ceux qui prennent la mauvaise tangente
je tourne à gauche // je tourne à droite
sur moi-même
j’envisage le centre // je me dégage
pour être multiple
je sors // je rentre
ma voix se trouble dans les foires aux manèges
elle exhume de l’ombre // elle exhume du tabac ( sans mousqueton ! )
je transpire de la gêne // je transpire du poème
j’attends quelqu’un qui me serre // j’attends quelqu’un qui me soulève
je suis un être en difficulté
puisque inadapté à la vie en société
je suis né pour tout voir // je suis né pour tout entendre
le Coeur Intemporel bat fort dans ma bouche
qu’il ne peut s’exprimer convenablement // qu’il ne peut vivre musicalement
c’est l’automne dans ses derniers retranchements
qu’est-ce qu’on serait sans une tasse de café
je me réalise en rêvant // je me réalise en chantant
comme les oiseaux
je respire encore grâce à l’art // je respire encore grâce à ma famille
je ne suis bon que dans le malheur
je prends la feuille // je vois un bureau
je prends le stylo // je vois une lampe
si seulement j’avais une assise …
j’écris: je bois // j’écris: je perds
de l’eau rouge coule dans les estaminets
j’écris: je l’aime toujours // j’écris: je suis perdu à jamais
j’écris les lettres dans le vide des mots
proche de monsieur m’amour qu’elle me fuit
que rien ne change // que rien ne s’améliore
je touche parfois
de mémoire son corps // de mémoire sa transparence
j’écris le blasphème // j’écris le mensonge
pour son amour // pour sa colère
est-elle seulement présente derrière ce filtre
douceur !
je suis fatigué de vivre // je suis fatigué de mourir
je claque la porte du grand hôpital
à l’air libre par Votre faute // à l’air libre pour les autres
l’horreur des enfers est peut-être sur terre
à quels moments nos actes prennent leurs sens
non-être // être
nous en tirons des satisfactions
j’ai gagné la poésie // j’ai gagné sur mon être
rarement du côté de la vie // rarement du côté du ressentiment
à la nuit tombée
tant qu’il y a à faire je suis de ce rafiot
tout en restant humain // tout en restant digne
les crins ondoyants // les plumes soyeuses
j’incarne les noces de l’enfer et du ciel
je suis peut-être fou // je suis peut-être poète
dans le délire amoureux // dans la folie créatrice
je veux raconter les fées // je veux conter les ogres
les sorciers ont plus d’un tour dans leurs sac
si je veux imploser // si je veux me disperser
je ne suis mauvais que dans le travail
j’ai fait l’amour à des pierres // j’ai fait l’amour à une fleur
à qui viendrait l’idée de s’envoler
comme les promesses d’orage de cet été
qu’est-ce que je dis // qu’est-ce que je déterre
pour fondre vos oreilles endormis // pour briser vos cœurs d’or en éclats
je perce vos angoisses profondes // je creuse vos peureuses argiles
il adviendra des rires fleuris // des rêves à fleurir de rire
j’écris
quand les mots se dérobent du mot
quand le port de la mémoire
quand le sucre de l’œil
quand tout revient au même
quand la fièvre d’amour
quand la respiration me fait halte
j’écris le murmure du cœur // j’écris l’analphabète du trait